L'Utah pourrait bientôt recourir à des pelotons d'exécution pour appliquer la peine de mort.

Un projet de loi en ce sens a été approuvé il y a quelques jours par le Sénat local et se retrouve maintenant pour approbation finale sur le bureau du gouverneur de l'État, Gary Herbert.

Dans un communiqué, le politicien a déclaré que l'injection létale demeurera la méthode utilisée en priorité par les autorités carcérales pour réaliser les exécutions prévues par la loi.

Il a précisé que l'État éprouvait des difficultés «de plus en plus importantes» à obtenir les médicaments requis auprès de ses fournisseurs traditionnels, de plus en plus réticents à être associés à la peine capitale.

L'Union européenne interdit depuis quelques années aux sociétés pharmaceutiques installées sur son territoire de vendre aux États américains des produits susceptibles d'être utilisés pour appliquer la peine de mort.

Un anesthésiant souvent utilisé par le passé, le pentobarbital, est devenu pratiquement impossible à obtenir.

Certains États, pour contourner le problème, ont exploré l'utilisation d'autres produits, parfois avec des résultats dramatiques.

L'année dernière, l'Oklahoma a dû suspendre les exécutions après qu'un détenu, Clayton Lockett, eut été victime d'une exécution bâclée découlant de l'utilisation d'un cocktail médicamenteux expérimental. L'homme, condamné à la peine capitale pour le meurtre d'une jeune femme de 19 ans, est mort 45 minutes après le début de l'intervention.

D'autres États ont décidé de faire appel à des fabricants non réglementés pour obtenir les doses requises. Plusieurs avocats de détenus ont tenté de contester devant les tribunaux le recours à de telles entreprises en relevant la qualité incertaine des produits qu'ils fabriquent.

L'Ohio, qui avait aussi été embarrassé l'année dernière par une exécution ayant mal tourné, a élaboré un projet de loi visant à protéger la confidentialité des personnes et des entreprises qui participent à l'injection létale afin de les mettre à l'abri de toute pression.

Les élus de l'Utah qui ont voté en faveur du recours au peloton d'exécution ont indiqué que la mesure était nécessaire pour pouvoir continuer à appliquer la peine de mort.

«On aimerait pouvoir régulariser la situation avec l'injection létale pour continuer comme avant. Mais si ce n'est pas possible, nous avons maintenant une solution de rechange», a déclaré à l'Associated Press Paul Ray, qui a lancé le projet de loi. Il affirme que la mort par balles est une forme plus «humaine» d'exécution.

Avec l'aval du gouverneur, l'État pourra faire appel à un peloton d'exécution s'il s'avère que les produits requis pour l'injection létale ne sont pas disponibles 30 jours avant la date fixée pour l'application de la peine capitale à un détenu donné.

L'Utah a procédé à trois exécutions par peloton depuis que la Cour suprême américaine a réintroduit la peine de mort, en 1976. Les parlementaires avaient cependant interdit cette méthode en 2004.

«Une honte»

Ralph Dellapiana, qui chapeaute une organisation luttant contre la peine de mort dans l'Utah, considère que la décision de réintroduire cette méthode est «une honte».

«Le peloton d'exécution avait été abandonné comme une relique d'un passé barbare, et voilà qu'on retourne en arrière», déplore le militant, qui reproche à l'État de s'embourber dans la recherche de méthodes alternatives d'exécution alors que nombre d'États américains optent plutôt pour l'abolition pure et simple de la peine de mort.

«Il y a un important mouvement aux États-Unis pour en finir avec la peine capitale, mais pas en Utah, où l'on se tourne vers une forme d'exécution sortie tout droit du Far West», souligne M. Dellapiana.

Il s'irrite des prétentions des législateurs de l'Utah relativement au caractère «humain» de la mort par peloton d'exécution.

«Comme s'il y avait une manière humaine d'exécuter quelqu'un», ironise-t-il.