Ceux qui comptaient sur une réforme rapide du système d'immigration américain devront s'armer de patience: les républicains de la Chambre des représentants ont confirmé mercredi qu'ils prendraient leur temps, la question des régularisations suscitant l'opposition intransigeante des plus conservateurs.

À huis clos mercredi, les 234 républicains de la Chambre des représentants, qu'ils contrôlent, ont débattu du plan de réforme adopté le 27 juin par le Sénat à majorité démocrate, qui prévoit la naturalisation de la plupart des 11 millions de clandestins après une période transitoire d'au moins 13 ans.

La conclusion? Sans surprise, la Chambre élaborera, lentement, sa propre réforme.

«Aujourd'hui, les républicains de la Chambre ont affirmé que plutôt que d'examiner la législation adoptée avec de nombreux défauts et à toute vitesse par le Sénat, les commissions de la Chambre continueront leur travail, selon une approche pas-à-pas et de bon sens», ont annoncé les dirigeants républicains dans un communiqué en forme de fin de non-recevoir.

Le calendrier reste flou. Quatre textes républicains (sur les visas et la frontière) ont été adoptés en commission, mais ne sont toujours pas prévus à l'ordre du jour du mois de juillet, a expliqué Bob Goodlatte, président de la commission Justice. Aucun de ces textes ne prévoit de régularisations.

«Nous ne voulons pas nous précipiter, nous voulons faire ça bien», a dit à des journalistes Paul Ryan, possible prétendant à la Maison-Blanche en 2016. «C'est possible cette année», a indiqué Darrell Issa.

La Maison-Blanche a enjoint les républicains à ne pas céder à «l'extrême droite» du parti et à poursuivre la voie de la réforme.

«Il est inacceptable, à long terme, que la réforme de l'immigration soit bloquée parce qu'une minorité de républicains de la Chambre craignent d'être dépassés par l'extrême droite aux primaires», a déclaré Jay Carney, porte-parole de la Maison-Blanche, en référence aux primaires des élections législatives de novembre 2014.

Les dirigeants nationaux et poids lourds du parti républicain sont favorables, sous conditions, aux régularisations, qui sont pour eux la clé de la reconquête de la Maison-Blanche.

Mais de nombreux parlementaires, venant de circonscriptions très conservatrices où les électeurs sont réputés hostiles à toute «amnistie», n'ont que faire de ces objectifs nationaux.

Les démocrates répondent, sondages à l'appui, que de plus en plus d'Américains soutiennent la réforme, même dans certaines circonscriptions aux mains des républicains.

«Leur majorité est menacée s'ils foirent sur ce coup-là», a estimé lors d'une conférence téléphonique Brad Woodhouse, président de l'organisation pro-Obama Americans United for Change.