La commission du Renseignement du Sénat américain a approuvé mardi la nomination de John Brennan comme directeur de la CIA, le troisième et dernier poste à pourvoir de l'équipe de sécurité nationale de Barack Obama.

La Maison-Blanche avait facilité ce vote en acceptant lundi soir de fournir aux sénateurs tous les mémorandums du département de la Justice concernant le programme secret d'assassinats ciblés par drones et justifiant leur utilisation contre des ressortissants américains.

Certains républicains avaient menacé de retarder le vote tant qu'ils n'auraient pas accès à ces documents, jusque-là jalousement gardés par l'exécutif, de façon à exercer pleinement leur tutelle parlementaire.

Les sénateurs ont voté à huis clos à 12 voix contre 3 en faveur de John Brennan, quatre des sept républicains ayant finalement rejoint la majorité démocrate. Ce vote doit encore être entériné par l'ensemble du Sénat, ce qui devrait intervenir cette semaine, selon le chef de la majorité démocrate du Sénat, Harry Reid.

Un républicain qui a voté mardi contre M. Brennan, Saxby Chambliss, a estimé que le vote serait alors probablement favorable.

Plus tôt cette année, John Kerry a été confirmé à la tête de la diplomatie américaine et Chuck Hagel au Pentagone.

«Deux questions qui n'avaient rien à voir avec John Brennan ont retardé ce vote - des détails supplémentaires sur l'attaque de Benghazi et l'accès aux mémorandums du département de la Justice sur les assassinats ciblés d'Américains. J'estime que ces deux problèmes ont été résolus», a commenté la présidente de la Commission, Dianne Feinstein, dans un communiqué publié après le vote.

M. Brennan, 57 ans, est un vétéran de la CIA où il a passé 25 ans. Depuis quatre ans, il travaillait aux côtés du président à la Maison-Blanche, où il dirigeait la lutte antiterroriste et orchestrait le programme secret d'assassinats ciblés par drones.

Il a ainsi coordonné une «liste de personnes à abattre» appartenant à Al-Qaïda au Pakistan, en Somalie ou au Yémen.

«L'administration ne veut pas forcément de tutelle, mais c'est la séparation des pouvoirs, et c'est ce qui fait de nous une démocratie», a déclaré Dianne Feinstein aux journalistes. «Ce n'est pas une oligarchie, ce n'est pas une monarchie».

«Nous sommes satisfaits d'avoir désormais l'accès que nous demandons depuis longtemps et dont nous avons besoin pour exercer la supervision vigilante dont est chargée cette commission», se sont félicités trois membres de la commission, dont la républicaine Susan Collins, dans un communiqué.

L'autre point de blocage concernait l'attaque du consulat américain de Benghazi, en Libye, le 11 septembre. Quatre Américains, dont l'ambassadeur, avaient été tués dans ce que l'administration de Barack Obama avait mis plusieurs jours à qualifier d'attentat terroriste.

La Maison-Blanche a là encore transmis à la commission des documents, partiellement censurés, sur les circonstances de l'attaque, bien que certains républicains estimaient encore dimanche et lundi que les réponses étaient insatisfaisantes.

La CIA n'a plus de directeur depuis novembre, quand David Petraeus a brusquement démissionné en raison d'une liaison adultère. L'intérim est assuré par Mike Morell, le numéro deux de la centrale.