Guerre en Irak, suspects soumis au simulacre de noyade: dans ses mémoires publiés mardi aux États-Unis, George W. Bush assume les décisions les plus emblématiques de sa présidence et assure qu'il referait la même chose pour «défendre les Américains».

«Je suis fermement convaincu que renverser Saddam (Hussein) était une bonne décision», écrit l'ex-chef d'État dans «Decision Points», ses mémoires qui sortent mercredi en français sous le titre «Instants décisifs».

L'ancien président (2001-2009) assure toutefois que «personne n'a été aussi écoeuré et en colère que moi quand on n'a pas trouvé d'armes de destruction massive» en Irak, alors que cela avait justifié les hostilités contre le régime de Saddam Hussein.

Mais «l'Amérique est plus sûre sans un dictateur meurtrier qui cherche à se procurer des armes de destruction massive et soutient le terrorisme au coeur du Moyen-Orient», ajoute M. Bush, dont l'intervention en Irak en 2003 a profondément divisé les alliés occidentaux.

George W. Bush raconte aussi qu'il a demandé à ses généraux un plan pour frapper l'Iran afin de détruire d'éventuelles installations atomiques, avant de renoncer à une telle opération sur la foi de renseignements indiquant que Téhéran n'avait pas «de programme nucléaire militaire actif».

Il révèle aussi qu'il a résisté en 2007 à des pressions d'Israël qui lui demandait de bombarder un site syrien soupçonné de cacher un réacteur atomique.

Après les attentats du 11 septembre, quelques mois après son arrivée au pouvoir, George W. Bush engage une «guerre contre le terrorisme» qui se traduit par l'invasion de l'Afghanistan, puis par le recours à des techniques controversées d'interrogatoire de suspects de terrorisme, notamment le supplice de la baignoire (waterboarding).

Dans ses mémoires, l'ex-président reconnaît avoir lui-même ordonné d'utiliser cette «simulation de noyade» à l'encontre du cerveau auto-proclamé du 11 septembre, Khaled Cheikh Mohammed.

Ce dernier s'est révélé «difficile à faire craquer», poursuit M. Bush. «Mais quand il l'a fait, il nous a appris beaucoup de choses», notamment un projet d'attentat à l'anthrax contre des cibles américaines.

Les autres détenus soumis aux «techniques d'interrogatoire renforcées» de la CIA ont permis de déjouer des attentats contre des ambassades et des bases américaines à l'étranger, ainsi qu'à Londres, affirme l'ancien président.

Devant ces révélations, Amnesty International a appelé l'administration Obama à enquêter sur les aveux de M. Bush et à engager éventuellement des poursuites judiciaires contre lui pour avoir ordonné des actes de torture.

Sur un plan personnel, George W. Bush révèle un incident de sa jeunesse au cours duquel s'est forgée son hostilité à l'avortement: il a dû conduire sa mère à l'hôpital alors que cette dernière venait de faire une fausse couche.

«Je ne me serais jamais attendu à voir le foetus, qu'elle avait conservé dans un bocal pour l'apporter à l'hôpital. Je me souviens m'être dit: voilà une vie humaine, un petit frère ou une petite soeur».

L'ancien dirigeant revient aussi sur son combat contre l'alcoolisme, qu'il dit avoir vaincu à l'âge de 40 ans en renouant avec la foi.

Il raconte un incident survenu à la table de ses parents alors qu'il était avant cela sous l'emprise de l'alcool. S'adressant à une amie de ces derniers, il lui demande «comment c'est l'amour après 50 ans».

Quelques années plus tard, cette dernière lui renverra la politesse en lui retournant la question pour son cinquantième anniversaire...