Un vaste projet de loi sur l'énergie et le climat, attendu de longue date au Sénat américain, a été présenté mercredi alors que la marée noire qui se répand au large des côtes de Louisiane (sud) change légèrement la donne sur la question des forages en mer.

Le président Barack Obama a salué mercredi dans un communiqué la présentation du texte qui selon lui «mettra les États-Unis sur la voie de l'énergie propre». Il a ajouté que la tragédie du Golfe du Mexique est une raison de «redoubler d'efforts» pour réformer la politique énergétique américaine.

«Nous pouvons enfin dire au monde que les États-Unis sont prêts à reprendre leur rôle de leader mondial de l'énergie», a dit le sénateur John Kerry, principal auteur du projet de loi, en présentant le projet avec son collègue indépendant Joe Lieberman.

Après plusieurs mois de négociations difficiles et presque un an après que la Chambre des représentants eut adopté un projet de loi sur le sujet en juin 2009, le Sénat s'apprête à entamer les débats sur sa propre version du plan.

Mais les démocrates ne sont pas au bout de leurs peines car l'opposition républicaine, avant même d'avoir pu examiner le projet en détail, a donné un avant-goût de la bataille politique à venir.

«Quelles que soient ses intentions, ce projet de loi est un peu plus qu'une taxe sur l'énergie, tueuse d'emplois», a dit le chef de la minorité républicaine du Sénat Mitch McConnell.

Les républicains estiment que le projet aura pour conséquence de faire grimper les prix de l'énergie pour les ménages et les entreprises et qu'il détruira des emplois. Au contraire, pour les auteurs du texte, il créera des millions d'emplois verts.

L'insertion dans le texte d'une expansion des zones de forage en mer au large du littoral américain, une initiative mise en avant par l'administration Obama, était considérée, avant la marée noire, comme l'une des clés pour obtenir le soutien de l'opposition républicaine.

Après l'explosion de la plateforme Deepwater Horizon le 20 avril qui a provoqué une marée noire, MM. Kerry et Lieberman ont revu à la baisse les velléités de forage en mer. Les États côtiers disposeront d'un droit de veto pour tout projet d'exploitation qui se situera à moins de 120 km de leurs côtes.

«Il n'y a pas d'expansion du forage en mer dans ce projet de loi. (...) (Le texte) affirme que, dans le sillage de la marée noire provoquée par Deepwater Horizon, tout nouveau projet de forage devra être stoppé jusqu'à ce que le secrétaire à l'Intérieur termine son enquête», a indiqué dans un courriel la chargé de communication de M. Kerry, Whitney Smith.

Le renforcement des mesures en faveur de l'énergie nucléaire aux États-Unis est le deuxième axe sur lequel la majorité démocrate compte jouer pour obtenir des soutiens républicains. Ce dernier, qui figure en bonne place dans le projet de loi présenté mercredi, n'a pas été remis en cause.

Le projet de loi du Sénat se fonde globalement sur le principe d'une bourse des droits de pollution dit «cap and trade», sur le modèle de l'Union européenne (UE). Le texte vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 17% d'ici à 2020 par rapport au niveau de 2005.

Lindsey Graham, le seul sénateur républicain à avoir négocié avec MM. Kerry et Lieberman avant de se retirer récemment, a indiqué mercredi dans un communiqué qu'il était prêt à travailler avec ses collègues pour «améliorer» le texte, tout en estimant qu'un climat politique tendu au Congrès et la marée noire ont rendu la voie vers un soutien bipartite «extrêmement difficile».