Les États-Unis vont faire appel du non-lieu dont ont bénéficié les cinq employés de Blackwater poursuivis pour la mort de 17 personnes dans une fusillade à Bagdad en 2007, a annoncé samedi le vice-président américain Joe Biden après un entretien avec le président irakien Jalal Talabani.

Des responsables à la Maison Blanche ont toutefois assuré que la décision avait été prise par le ministère de la Justice et qu'il n'était pas prévu initialement qu'elle soit annoncée par Joe Biden depuis l'Irak.

Me Steven McCool, l'avocat de Donald Ball, l'un des gardes, a accusé samedi les États-Unis d'avoir décidé de faire ce qui les arrange politiquement» et de «poursuivre un homme innocent plutôt que la justice».

Des agents de sécurité américains de Blackwater qui protégeaient des diplomates américains avaient ouvert le feu à un carrefour bondé de Bagdad le 16 septembre 2007, tuant 17 personnes, dont des femmes et des enfants. L'affaire, qui n'a pas vraiment été élucidée étant donné les témoignages contradictoires, avait alimenté le ressentiment anti-américain en Irak.

Joe Biden a exprimé ses «regrets personnels» au sujet de la fusillade et affirmé que le gouvernement de Barack Obama était déçu de la décision de la justice américaine, soulignant cependant qu'un non-lieu n'est pas un acquittement».

Les États-Unis ont refusé de s'en remettre à la justice irakienne et les suspects ont donc été jugés aux États-Unis. Après une longue instruction, cinq hommes ont été inculpés d'homicides involontaires et un sixième a plaidé coupable. Mais le dossier s'est écroulé le 31 décembre, un juge fédéral ayant estimé que le ministère de la Justice avait mal exploité les preuves et violé les droits constitutionnels des gardes. Le parquet va avoir les plus grandes difficultés à faire en sorte qu'une cour d'appel rouvre cette affaire.

Le non-lieu prononcé avait provoqué la colère des Irakiens, et le gouvernement a commencé à recueillir des signatures pour introduire une plainte collective des victimes et familles des victimes.

Blackwater, qui a changé de nom depuis pour celui de «Xe Services», affirme que ses employés sont innocents et qu'ils sont tombés dans une embuscade tendue par des insurgés. L'accusation maintient, elle, que la fusillade était délibérée, mais les témoignages des deux camps sont confus pour beaucoup.