Le président Barack Obama reçoit jeudi pour la première fois le leader palestinien Mahmoud Abbas, sur fond de désaccords israélo-américains sur la colonisation et la création d'un État palestinien.

Avant cette rencontre prévue à la Maison-Blanche à 16H00 locales, M. Abbas devait discuter dans la matinée avec le général Jim Jones, conseiller à la sécurité nationale du président Obama.L'entretien entre M. Obama et Abbas, qui vient chercher un appui américain accru à la création d'un État palestinien dans les territoires occupés par Israël, survient alors que les relations israélo-américaines, que rien ne semblait perturber sous la présidence Bush, connaissent une certaine tension.

Les divergences sur l'État palestinien et la poursuite de la colonisation, qui ont éclaté au grand jour lors la visite du premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu à la Maison-Blanche le 18 mai, se sont amplifiées jeudi, Israël opposant une fin de non recevoir à un nouvel appel de l'administration américaine à l'arrêt total de la construction dans les colonies juives.

«Il existe une entente palestino-américaine totale sur un règlement basé sur deux États et sur l'arrêt de la colonisation», se félicite Nabil Abou Roudeina, porte-parole de M. Abbas.

Selon lui, la secrétaire d'État Hillary Clinton a réitéré la position américaine lors d'un dîner mercredi avec M. Abbas, quelques heures après avoir rappelé que Washington exigeait le gel de la colonisation juive, y compris «la croissance naturelle» défendue par le gouvernement israélien.

«Nous allons prochainement assister à une intense activité diplomatique qui sera déterminante pour les développements à venir dans toute la région», a ajouté M. Abou Roudeina.

«Un retour aux négociations passe par l'arrêt de la colonisation et l'acceptation par Israël d'une solution à deux États», a-t-il ajouté.

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a pour sa part relevé que «pour la première fois les Américains parlent aussi clairement de l'État palestinien comme un intérêt américain et comme étant la seule solution à l'ordre du jour».

Israël a choisi d'ignorer jeudi l'appel à un gel total de la colonisation lancé la veille par Mme Clinton.

«La vie normale doit continuer» dans les colonies, a affirmé à l'AFP Marc Regev, porte-parole de M. Netanyahu.

«Leur sort sera déterminé dans les négociations sur le statut final entre Israël et les Palestiniens», a-t-il ajouté, soulignant ainsi que le gouvernement israélien entendait continuer à construire dans les implantations de Cisjordanie occupée.

Selon la presse israélienne, M. Netanyahu n'a pas réussi à convaincre l'administration américaine de se contenter du démantèlement des colonies dites «sauvages» en Cisjordanie, construites sans l'aval des autorités, pour bénéficier d'un soutien accru de Washington face à la menace d'un Iran nucléaire.

Cette offre a été faite cette semaine lors d'une rencontre à Londres entre le ministre israélien chargé des services de renseignements, Dan Meridor, et l'émissaire spécial américain pour le Proche-Orient George Mitchell, selon la même source.

La Maison-Blanche s'est dite «optimiste» mercredi sur les chances de voir M. Abbas accepter une reprise des négociations avec Israël alors que Mme Clinton a affirmé que Washington avait des propositions «très spécifiques» à présenter aux deux parties pour relancer ces pourparlers.

Après la relance du processus de paix en novembre 2007 sous les auspices de Washington, M. Abbas et l'ancien premier ministre israélien Ehud Olmert se sont rencontrés une vingtaine de fois mais les négociations, suspendues en décembre, n'ont enregistré aucune percée.