Un journaliste de la minorité ouïghoure a été condamné à 15 ans de prison par un tribunal chinois pour avoir menacé la sécurité de l'État après avoir parlé à des confrères étrangers des sanglantes émeutes d'il y a un an dans la province du Xinjiang, a annoncé vendredi un site internet.

Gheyret Niyaz a été jugé à Urumqi, la capitale de cette région où avaient éclaté le 5 juillet 2009 des violences nourries par le ressentiment d'une partie des Ouïghours, des musulmans de langue turque, envers la domination des Hans, a précisé Uighurbiz.net citant son épouse, présente au tribunal quand la sentence a été rendue.

Des groupes de Hans, le groupe ethnique ultra majoritaire en Chine, armés de couteaux et de barres de fer, étaient ensuite descendus dans les rues pour se venger.

«Gheyret Niyaz a reconnu au tribunal avoir accepté des entretiens avec des médias étrangers, mais a insisté sur le fait qu'il n'avait eu aucune intention malveillante et n'avait fait que ce qu'un citoyen, ou un journaliste, devait faire», a raconté sa femme Reshalaiti, toujours selon le site, pour lequel M. Niyaz, 51 ans, a travaillé.

L'AFP n'a obtenu aucune réponse lorsqu'elle a tenté d'avoir confirmation auprès du tribunal de la sentence infligée.

Officiellement, près de 200 personnes avaient été tuées et 1700 blessées à partir du 5 juillet 2009. Les autorités chinoises ont accusé les «séparatistes ethniques» d'avoir fomenté les violences dans cette région de l'ouest proche de l'Asie centrale.

Environ 200 personnes ont été condamnées par la justice, dont au moins 26 à la peine capitale, et neuf ont été exécutées, ont annoncé les médias chinois.

Stratégique, riche en ressources naturelles, le Xinjiang a bénéficié des efforts d'investissements de Pékin, mais les Ouïghours s'estiment exclus de la vigoureuse croissance économique chinoise.