Le gouvernement Couillard presse Ottawa de tenir tête à l'administration Trump et de refuser d'affaiblir à son tour les normes de pollution imposées aux constructeurs automobiles.

La ministre de l'Environnement du Québec, Isabelle Melançon, a écrit à son homologue fédérale, Catherine McKenna, la semaine dernière. Elle a formellement demandé à son gouvernement de ne pas emboîter le pas à Washington, qui compte abolir des pans entiers des règles de l'administration Obama pour limiter la pollution des véhicules légers.

« Le gouvernement du Québec souhaite le maintien des normes d'émission pour les véhicules automobiles légers d'années-modèles 2022 à 2025, déjà prévues par votre gouvernement en collaboration avec la précédente administration américaine. Il me faut souligner que ce maintien est essentiel à l'atteinte des cibles de réduction de gaz à effet de serre de nos deux gouvernements. »

- Isabelle Melançon, ministre de l'Environnement du Québec, dans une lettre à son homologue fédérale Catherine McKenna

En entrevue, Mme Melançon rappelle que le transport est la plus importante source d'émissions de gaz à effet de serre (GES) au Québec. Il faut donc réduire, et non augmenter, les émissions de ce secteur pour que la province atteigne ses cibles climatiques.

« Les transports représentent plus de 41 % des émissions de GES au Québec, a souligné la ministre. [...] Si on rend la législation plus facile pour que les nouvelles voitures puissent émettre plus de GES, on va passer de 41 % à je ne sais pas combien. C'est sûr qu'il va y avoir une augmentation. »

Au Canada, le règlement qui régit les émissions des automobiles s'harmonise par défaut avec les normes américaines. Cette politique date de 2012, lorsqu'Ottawa et Washington ont adopté des normes communes.

L'administration Obama avait forcé les constructeurs automobiles à augmenter graduellement l'économie de carburant de leurs véhicules. 

En 2025, le véhicule neuf moyen devait afficher une consommation inférieure à 5 litres par 100 kilomètres, soit la moitié de la consommation moyenne en 2008.

Mais ce règlement a été jugé trop strict par l'administration Trump. Début avril, l'agence américaine de protection de l'environnement (EPA) a annoncé son intention de l'assouplir pour les années 2022 à 2025.

On ignore dans quelle mesure exactement les normes seront modifiées, l'EPA devant préciser ses intentions plus tard cette année.

Les plans de Washington ont été critiqués par plusieurs élus des deux côtés de la frontière. La Californie a annoncé son intention de se prévaloir d'un statut d'exception qui lui permettrait de conserver des normes plus strictes. Washington a toutefois annoncé que cette prérogative était en examen.

photo Christophe Ena, archives associated press

Isabelle Melançon, ministre de l'Environnement du Québec