La Chine, premier pollueur mondial, va consacrer d'« immenses efforts » pour l'environnement et compte « réduire de manière spectaculaire le smog et la pollution de l'eau » qui frappent le pays, a déclaré samedi le premier ministre chinois Li Keqiang.

« La santé du public et la pérennité du développement dépendent de la dépollution et de la protection environnementale », a martelé M. Li dans son rapport d'activité gouvernemental, lu devant l'Assemblée nationale populaire (ANP), la chambre d'enregistrement du régime.

Phénomène récurrent, la pollution de l'air est un sujet de fort mécontentement de la population.

Le charbon, via sa combustion pour la production d'électricité et de chauffage, est le principal responsable du smog nocif qui étouffe les villes chinoises. Il occupe actuellement environ 70 % du mix énergétique de la Chine.

« Toutes les centrales thermiques devront procéder à des transformations techniques selon les normes les plus strictes », a tonné Li Keqiang, assurant que les installations non conformes seront « éliminées rapidement ».

Une « bourse du carbone », déjà annoncée pour 2017, doit voir le jour dans le cadre du nouveau plan quinquennal (2016-2020).

Ce mécanisme consiste à fixer des obligations de réduction d'émissions de gaz à effet de serre, et permettre aux différents acteurs (entreprises ou pays) d'acheter et vendre des quotas (un quota correspond à une tonne de carbone), selon leurs niveaux d'émissions.

Li Keqiang a également promis de « faire avancer le remplacement du charbon par l'électricité et le gaz » et de « parachever la politique » sur le développement de l'éolien, du solaire et de la biomasse.

Contre le smog, il a assuré que la densité des particules de 2,5 microns de diamètre (PM2.5) - très dangereuses pour la santé - « devra continuer à baisser ».

« Les auteurs des émissions qui dépassent les plafonds et les fraudeurs seront sévèrement punis », a menacé Li Keqiang.

Il a listé plusieurs mesures destinées à réaliser des économies: « transformation » des bâtiments énergivores, « campagne de popularisation » des économies d'eau, essor du « tri sélectif » des déchets...

« Il faut faire des industries de l'environnement et des écoénergies le premier pilier de développement de notre pays », a-t-il assuré.

Contre la déforestation massive du pays, Pékin, a promis M. Li, « mettra fin » à l'abattage commercial d'arbres en milieu naturel, et un million d'hectares de « terres abusivement défrichées » seront reconverties « en forêts ou en steppes ».

Lors de l'ANP 2014, le premier ministre chinois avait déclaré une tonitruante « guerre à la pollution », avant de convenir l'année suivante que les progrès n'étaient « pas à la hauteur des attentes de la population ».

45 millions d'habitants de plus en 2020

La population chinoise, déjà la plus nombreuse au monde, devrait augmenter de 45 millions d'individus d'ici cinq ans - presque la population de l'Espagne -, mais reste confrontée à un inquiétant vieillissement, selon les projections officielles annoncées samedi.

En 2020, la Chine devrait ainsi compter «autour de 1,42 milliard» d'habitants, prévoit le 13e plan quinquennal présenté à l'ouverture de l'Assemblée nationale populaire (ANP), le parlement chinois, qui entérine l'abandon de la politique controversée de l'enfant unique au profit de celle de deux enfants par couple, annoncée en octobre dernier.

Les 45 millions de «nouveaux Chinois» attendus représentent une accélération démographique significative par rapport à la période précédente, qui en avait enregistré 33 millions de plus.

En 2011, le plan quinquennal élaboré sous la politique de l'enfant unique fixait l'objectif de contenir la croissance démographique «en deçà de 1,39» milliard d'ici 2015.

Un objectif atteint -- la Chine comptait officiellement fin 2015 1,37 milliard d'habitants --, mais marqué par une chute de 320 000 naissances par rapport à 2014.

Des décennies de stricte application de la politique de l'enfant unique, accompagnée souvent de violences faites aux femmes, ont favorisé l'essor économique mais ont conduit à une raréfaction de la main d'oeuvre et un important déséquilibre homme/femme.

Et malgré l'autorisation d'un deuxième enfant, beaucoup de parents se montrent très réticents, invoquant essentiellement les coûts supplémentaires à venir.

«Nous adhérerons à la stratégie nationale fondamentale du planning familial et appliquerons entièrement la politique autorisant chaque couple à avoir deux enfants», déclare le texte du 13e plan, qui doit être formellement approuvé par l'ANP.

La population active - les 15 à 59 ans - a poursuivi son déclin, tandis que le nombre de retraités, ceux au-dessus de 60 ans, ne cesse d'augmenter, accentuant la pression déjà énorme sur le système de retraites.

Fin 2014, 212 millions de Chinois étaient officiellement âgés de plus 60 ans, un chiffre très inférieur à celui du nombre de retraités, les femmes prenant leur retraite à 55 ans et même à 50 ans pour les ouvrières.

La population active a commencé à reculer pour la première fois depuis 1963 en 2012 et a accéléré l'an dernier son déclin, perdant 4,87 millions d'actifs contre 3,71 millions en 2014, selon les chiffres officiels.

Pour contrer le phénomène, un «recul graduel de l'âge de la retraite» sera mis en place, selon le plan, qui veut faciliter l'accès à l'emploi pour les seniors.

Il prévoit également, mais sans aucune précision, de traiter le déséquilibre homme/femme, dû à la préférence traditionnelle pour les garçons, via des avortements sélectifs voire des infanticides.

En 2014, il est né en moyenne 116 garçons pour 100 filles, pour un ratio général dans la population de 105 hommes pour 100 femmes.

Quelque 30 millions d'hommes chinois sont ainsi dans l'impossibilité de trouver une femme. Une «crise des célibataires», potentiellement génératrice de violence et d'instabilité, hantise des autorités.