Les mesures prises aux États-Unis pour améliorer la qualité de l'air sur la côte ouest du pays voient leurs effets limités par l'air pollué provenant de Chine, selon une étude publiée lundi.

Entre 2005 et 2010, les États-Unis sont parvenus à réduire de 20%, sur la côte ouest, les émissions d'oxydes d'azote, dues notamment au transport routier. Ces substances contribuent à la formation d'ozone, un polluant majeur qui provoque des problèmes respiratoires et réduit la capacité des végétaux à assurer la photosynthèse.

Pourtant, «curieusement, cette baisse a peu amélioré la qualité de l'air local, en particulier en ce qui concerne l'ozone», relève Willem Verstraeten, chercheur à l'université hollandaise de Wageningen et au Royal Netherlands Meteorological Institute, qui a dirigé l'étude parue dans la revue britannique Nature Geoscience.

Selon les chercheurs, tandis qu'elles baissaient aux États-Unis, les émissions d'oxydes d'azote ont augmenté en Chine à cause de la forte croissance économique. Elles ont entraîné une hausse d'environ 7% de la concentration d'ozone au-dessus du pays entre 2005 et 2010, dans la troposphère, c'est-à-dire la zone la plus basse de l'atmosphère.

«Les vents dominants d'ouest ont poussé cette pollution» directement à travers le Pacifique vers les États-Unis, a expliqué M. Verstraeten par mail à l'AFP. «Autrement dit, la Chine exporte sa pollution de l'air vers la côte ouest de l'Amérique».

Les chercheurs sont parvenus à cette conclusion en combinant des observations par satellite et un modèle informatique sur le déplacement des molécules dans la partie basse de l'atmosphère.

Selon M. Verstraeten, la présence d'air pollué venu de Chine au-dessus de la côte ouest des États-Unis était connue mais personne n'avait encore montré que sa quantité était «si énorme qu'elle annule partiellement les mesures de réduction prises par les gouvernements des États-Unis».

Pour ses auteurs, l'étude démontre que l'amélioration de la qualité de l'air nécessite à la fois des mesures locales et au niveau mondial. «Notre atmosphère est mondiale plutôt que locale», souligne M. Verstraeten.

«La Chine n'est pas le seul exportateur de pollution aérienne» et est elle aussi «touchée par de la pollution venue d'ailleurs», ajoute-t-il.