Les États-Unis vont tirer la semaine prochaine le signal d'alarme pour tenter de sauver les océans en péril, menacés par le réchauffement climatique, la pollution et la surexploitation des réserves de pêche.

Le secrétaire d'État John Kerry est l'hôte lundi et mardi, au département d'État, d'une conférence sans précédent parce que réunissant des chefs d'État et de gouvernement et des ministres venus de 80 pays, avec des experts internationaux en matière de protection des espaces marins et des industriels.

Ils vont se pencher pendant deux jours sur les moyens de protéger la vie marine des océans, qui couvrent 72 % de la planète.

«Les océans sont ma passion depuis toujours, depuis l'âge de trois ans quand j'ai trempé un orteil» dans l'Atlantique, sur les plages de Massachusetts (nord-est), a confié la semaine dernière John Kerry, défenseur depuis des années de la cause environnementale.

Mais «les océans de la planète, aussi vastes et impressionnants soient-ils, sont assiégés», a prévenu le chef de la diplomatie américaine, pointant les risques posés par la surpêche, par l'acidification provoquée par la hausse des températures et par la pollution, notamment des matières plastiques.

D'après des experts en matière d'environnement, la santé des océans et de leur écosystème s'est dégradée de manière spectaculaire depuis près de 70 ans, lorsque John Kerry était jeune garçon.

Aujourd'hui, 20 % des réserves de poissons sont pêchées illégalement, soit 26 millions de tonnes par an, accélérant la disparition de certaines espèces, selon des données de la fondation écologiste américaine The Pew Charitable Trusts.

Conséquences profondes pour l'humanité

Pire, la pollution a créé de véritables «zones mortes» dans les océans, où le niveau d'oxygène est insuffisant pour préserver la vie.

John Kerry, accompagné d'une équipe de cadres de son ministère spécialistes de l'environnement, espère convaincre ses invités de la nécessité de sauver les océans.

«Il faut forger un consensus mondial autour de la valeur des océans et de ce qui nous menace si nous laissons disparaître la vie marine de la planète», plaide Joshua Reichert, vice-président de Pew Charitable Trusts.

Les écologistes espèrent aussi que les États-Unis montrent l'exemple, par des mesures concrètes, comme l'extension des parcs naturels maritimes.

La conférence devrait être aussi le théâtre d'annonces de zones maritimes protégées en plus grand nombre sur la planète, ainsi que de plaidoyers pour promouvoir une pêche durable et pour inciter l'industrie mondiale du plastique à réduire la quantité de déchets qui étouffent les océans.

La communauté d'experts pousse aussi les États-Unis à encourager d'autres pays à signer un projet de traité international datant de 2009, sous l'égide de l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), visant à interdire l'accès des ports aux navires pratiquant la pêche illégale.

«Nous sommes arrivés au stade où la science nous en apprend assez sur les problèmes urgents qui doivent être réglés dans les années à venir», prévient M. Reichert. Mais «sans volonté politique suffisante pour régler ces problèmes, il ne fait guère de doute que cela va empirer et que les conséquences pour l'humanité en seront profondes», met en garde l'expert.