La torchère, qui faisait craindre une explosion sur une plateforme de Total en mer du Nord évacuée après une fuite de gaz, s'est éteinte, a annoncé samedi le groupe pétrolier français, qui peut désormais concentrer ses efforts sur les opérations de colmatage.

«La torchère s'est éteinte d'elle-même, ce à quoi nous nous attendions», a déclaré à l'AFP un porte-parole de Total, Brian O'Neill, depuis Aberdeen, ville écossaise où le groupe a mis en place une cellule de crise.

Avec l'extinction de la torchère, dont le rôle est de brûler le gaz résiduel au niveau d'une plateforme, le risque d'explosion a diminué, sans totalement disparaître, a estimé Total.

«Il y a toujours du gaz qui s'échappe, et évidemment tant qu'il y a une fuite de gaz, il y a un risque d'étincelle et d'explosion», a expliqué à l'AFP Andrew Hogg, vice-président de la communication chez Total. «Un élément a été retiré de l'équation et en conséquence nous sommes dans une meilleure situation que pendant la semaine», a-t-il ajouté à Aberdeen.

Des experts craignaient que le gaz, qui se répand sous forme de condensat et de nuage volatile, n'entre en contact avec la torchère restée en activité alors que groupe avait coupé l'alimentation en électricité sur la plateforme.

Total va désormais «pouvoir approcher la plateforme par bateau pour évaluer la situation», a estimé Simon Boxall, océanographe à l'université britannique de Southampton (sud), précisant que le survol prolongé du site par hélicoptère était trop dangereux en raison du risque de déclenchement d'une étincelle susceptible d'embraser le gaz.

La plateforme du champ d'Elgin, où travaillaient plus de 200 personnes, est totalement évacuée depuis lundi, et une zone d'exclusion est en place à proximité, en raison du danger. Total a reconnu qu'il s'agissait de son «plus gros incident en mer du Nord depuis au moins dix ans».

L'origine de la fuite se situe à environ 4.000 mètres en dessous du plancher marin, et le gaz à haute pression s'échappe au niveau de la plateforme.

Total avait expliqué vendredi avoir «lancé» en parallèle deux opérations pour tenter de colmater la fuite: étouffer le puits à partir d'une base flottante et forer deux puits de dérivation pour réduire la pression du gaz et permettre l'injection de boues pour enrayer la fuite. Ce dernier scénario peut prendre jusqu'à six mois.

«Nous lançons le forage de puits de dérivation» pour tenter de colmater la fuite, a déclaré samedi le patron de Total, Christophe de Margerie, selon des déclarations faites à Rennes (ouest de la France) et publiées par la société française sur son compte Twitter.

De son côté, Brian O'Neill a précisé à l'AFP qu'il fallait compter «sept à dix jours avant d'être en mesure de commencer le forage».

«Début de l'intervention sur la fuite possible dans 8 jours si les pompiers ont autorisation d'accès», a ajouté Christophe de Margerie, qui s'est défendu d'avoir manqué de transparence dans sa gestion de cette importante fuite.

Le site laisse échapper environ 200.000 m3 de gaz par jour, selon les estimations de Total, qui a chiffré à 1,5 million de dollars par jour son manque à gagner.

Le groupe a jugé que l'incidence de la fuite sur l'environnement était «relativement faible». L'organisation de défense de l'environnement Greenpeace a cependant dépêché samedi après-midi un bateau sur les lieux pour vérifier l'ampleur de la pollution. Le navire doit arriver à proximité de la plateforme lundi matin.

«Nous allons rester sur place 24 heures. Bien que maintenus à l'écart de la plateforme, car la zone d'exclusion est assez vaste, nous disposons de matériel pour procéder à des relevés atmosphériques» et des sédiments, a expliqué à l'AFP Christian Bussau, biologiste. Les résultats des prélèvements pourraient ne pas être connus avant deux semaines.