Divers polluants comme des médicaments, de la cocaïne ou des pesticides filtrent dans les eaux aquifères contenues dans les grottes sous la péninsule du Yucatan, menaçant à terme le développement de cette région touristique mexicaine, selon une recherche publiée dimanche.

Si rien n'est fait, cette pollution pourrait fortement s'aggraver alors que la population devrait décupler d'ici 2030, préviennent ces chercheurs dont les travaux paraissent dans la revue scientifique américaine, the Journal Environmental Pollution.

Les eaux polluées finissent aussi par atteindre la mer des Caraïbes et cette source de pollution supplémentaire pourrait avoir contribué, en plus de la sur-pêche et du changement climatique, à la disparition de 50% des récifs coralliens de la région depuis 1990, selon les auteurs de cette étude.

«Les résultats de cette recherche montrent clairement la nécessité de mettre en place des systèmes de surveillance pour déterminer les sources de ces polluants dans ces nappes aquifères», souligne Chris Metcalfe, professeur à l'Université Trent en Ontario (Canada) et chercheur à Institut de l'eau, de l'environnement et de la santé, un organisme de l'ONU basé au Canada. Il est le principal auteur de cette étude.

«Des mesures de prévention et d'atténuation sont aussi indispensables pour s'assurer que la poursuite du développement ne soit pas néfaste à l'environnement et à la santé humaine et a fortiori à l'économie de cette région fondée sur le tourisme», ajoute-t-il.

Les auteurs de cette recherche ont conclu que la cocaïne, les substances médicamenteuses et les produits de soins corporels trouvés dans les eaux aquifères à quatre des cinq endroits où ils ont fait des prélèvements provenaient des égouts.

Ils notent aussi que seulement un tiers de cet état mexicain bénéficie d'un système municipal de traitement des eaux.

Par ailleurs des échantillons d'eau provenant de la proximité d'un terrain de golf près d'une station balnéaire ont révélé des pesticides comme source de la contamination.

Enfin des aromatiques polycycliques d'hydrocarbone, autre substance polluante, trouvés dans ces nappes aquifères, proviennent des routes, des parkings et des pistes de l'aéroport.

Ces chercheurs relèvent aussi que le procédé de filtration dit «osmose inverse» le plus utilisé dans la «Riviera Maya» pour le traitement de l'eau potable «n'est pas une technologie permettant de retirer tous les micro-contaminants'.

Bien que le niveau de pollution trouvé dans l'eau potable de cette région aujourd'hui ne sont pas considérés comme une menace à la santé publique «les mesures effectuées dans cette étude suscitent néanmoins des inquiétudes quant au risque potentiel de contamination», soulignent ces chercheurs.

Ils recommandent notamment de mieux isoler les conduites d'égoût, de rendre imperméable les fausses sceptiques, les terrains sous les golfs et autres sources de pollution.