Les amateurs de viande ont mauvaise presse depuis quelques années. Le bétail, quand il digère, émet une quantité importante de méthane, un gaz à effet de serre 23 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Mais une nouvelle étude vient de donner une lueur d'espoir aux carnivores.

L'étude, réalisée dans les plaines de la Mongolie, montre que les pâturages émettent beaucoup moins d'oxyde nitreux (N2O) que les plaines laissées à l'état sauvage. Or, le N2O est 296 fois plus puissant que le dioxyde de carbone. Le fait que les pâturages émettent moins d'oxyde nitreux contrebalance donc en partie l'effet néfaste du méthane.

 

«Selon des calculs préliminaires, l'impact des pâturages sur le N2O dans les régions similaires, comme les prairies nord-américaines, enlève entre le quart et le tiers de l'impact du méthane émis par le bétail sur l'effet de serre, explique Klaus Butterbach-Bahl, météorologue à l'Institut de technologie de Karlsruhe, en Allemagne, auteur principal de l'étude parue dans la revue Nature. Il est certain que cet effet totalement inattendu doit être incorporé dans les techniques d'atténuation de l'effet de serre.»

L'effet du pâturage - des moutons, dans l'étude - se fait sentir dans la période de dégel. «Quand les troupeaux paissent, l'herbe est moins haute, explique M. Butterbach-Bahl. L'hiver, la neige est moins haute dans les pâturages parce que, ailleurs, elle s'agrippe aux herbes hautes et résiste au vent. Comme la couverture neigeuse est moindre dans les pâturages, le sol est moins bien isolé et sa température est plus basse. Ça tue les microbes. Au dégel, il y a moins de microbes pour transformer les molécules du sol en oxyde nitreux.»

Selon le chercheur, le même effet pourrait se produire dans les champs de céréales. Mais il pourrait être diminué si des engrais chimiques sont utilisés, car ils augmentent la production d'oxyde nitreux.