De leader qu'il était en 2003, quand il a interdit l'usage de plusieurs pesticides à des fins esthétiques, le Québec est maintenant dépassé par l'Ontario et la Nouvelle-Écosse dans ce domaine.

C'est le constat de l'organisme Équiterre, qui se base sur une récente étude ontarienne afin de bien marquer l'importance de continuer de réduire l'exposition aux pesticides dans les résidences.

L'organisme fait cette sortie alors qu'une révision du Code québécois de gestion des pesticides est prévue cette année.

«Les enfants sont très vulnérables aux pesticides, a affirmé ce matin Isabelle Saint-Germain, directrice générale adjointe d'Équiterre, en conférence de presse. On a été des pionniers en 2003, mais on a perdu notre position de leader.»

Équiterre s'appuie sur les résultats d'une étude réalisée par la Dre Margaret Sanborn. Au nom du Collège des médecins de famille de l'Ontario, elle a passé en revue 142 études sur la santé et l'exposition aux pesticides réalisées un peu partout dans le monde. Elle s'est concentrée sur trois types d'effets : troubles du système reproducteur, maladies respiratoires, troubles neurologiques et développementaux.

« Notre recherche montre qu'il y a un lien entre l'exposition aux pesticides et ces trois types d'effets », affirme-t-elle.

Parmi les principaux impacts négatifs, elle note que les enfants dont la mère a été exposée aux pesticides ont un poids plus faible à la naissance, un taux plus élevé de diabète et de maladies cardiaques quand ils grandissent ainsi qu'une plus grande incidence de maladies pulmonaires.

Plus inquiétant selon elle: ce qu'on observe dans le domaine neurologique. « Les enfants exposés aux pesticides ont divers problèmes de développement neurologique, dit-elle. Cela commence avec des réflexes anormaux chez les tout-petits et cela se poursuit avec plus de cas d'autisme et de troubles de l'attention ainsi que des quotients intellectuels plus bas. »

Selon le Dr Jean Zigby, président de l'Association canadienne des médecins pour l'environnement, la prévention est la seule façon d'enrayer ces effets. «Ces troubles sont difficiles à diagnostiquer et encore plus à traiter, dit-il. La seule réponse est la prévention.»

La plupart des études passées en revue par la Dre Sanborn ont été réalisées dans deux contextes très précis: une cohorte d'enfants dans un quartier défavorisé de New York où des pesticides étaient utilisés pour combattre la vermine, et une région agricole de Californie.

Est-ce que ces résultats sont pertinents dans le cadre bien précis de l'exposition aux pesticides dans les maisons?

« Il y a encore des produits qui sont permis au Québec alors qu'ils ont interdits en Ontario, dit Mme St-Germain. C'est totalement illogique d'exposer la population à ces produits pour des raisons esthétiques. C'est une première étape. »

Néanmoins, note la Dre Sanborn, l'alimentation demeure le principal mode d'exposition des enfants aux pesticides. « On trouve des métabolites de pesticides dans l'urine des enfants dans 75% voire 100% des cas, dit-elle. C'est signe qu'ils y sont exposés de façon régulière. »