Le gouvernement fédéral considère les écologistes et les autochtones comme des «adversaires» dans sa campagne pour améliorer l'image les sables bitumineux. Ces deux groupes sont ainsi présentés dans un document confidentiel qui détaille une stratégie pour promouvoir cette ressource controversée en Europe.

«Les sables bitumineux se sont trouvés au coeur de plusieurs campagnes d'organismes non-gouvernementaux en Europe, qui mettent en évidence leur impacts environnementaux et sociaux (en particulier les dossiers autochtones), ce qui présente le dossier de manière fortement négative», peut-on lire dans le document, obtenu par Greenpeace par le biais de la loi sur l'accès à l'information.

Pour redorer l'image de cette ressource, lit-on dans le document, Ottawa mise sur des «alliés» des deux côtés de l'Atlantique. Parmi ceux-ci, on compte les sociétés énergétiques, des associations industrielles, l'Alberta et l'Office national de l'énergie, un organisme de consultation non-partisan.

En Europe, la liste des «adversaires» comprend des organismes non-gouvernementaux, certains médias et des industries concurrentes comme celle du biodiesel. Au Canada, cette catégorie comprend deux groupes: les écologistes et les groupes autochtones.

Keith Stewart, de Greenpeace, y voit la preuve que le gouvernement Harper et l'industrie pétrolière mènent une «campagne orchestrée» contre ceux qui s'opposent au développement des sables bitumineux.

«Ce gouvernement est très agressif dans son soutien à l'industrie pétrolière et aux sables bitumineux, dit Keith Stewart, de Greenpeace. Il n'y a aucune mention dans ces documents de stratégies pour améliorer la performance environnementale des sables bitumineux.»

Le Vieux Continent n'est pas un marché important pour les produits dérivés des sables bitumineux. La quasi-totalité des exportations canadiennes prend le chemin des États-Unis.

En revanche, l'Union européenne songe à adopter une nouvelle réglementation pour inciter l'utilisation de pétrole dont la production est moins polluante, un projet qui est fortement contesté par Ottawa. Si la directive est adoptée, le pétrole de l'Ouest canadien serait classé dans une catégorie plus polluante car, selon les calculs de l'UE, sa production génère 22% de plus de gaz à effet de serre que les autres formes de bruts.

Il y a quelques semaines, le ministre des Ressources naturelles Joe Oliver s'en est pris à des écologistes «radicaux» et à des groupes d'intérêt étrangers qui s'opposent au développement des sables bitumineux. Cette sortie survenait 24 heures avant le début d'une consultation sur le pipeline Northern Gateway, qui doit acheminer le pétrole canadien à l'océan Pacifique.

Plus de détails à venir.