Le premier ministre Jean Charest juge «intéressante» l'idée de voir le gouvernement québécois investir dans le développement de l'industrie du gaz de schiste, comme le propose l'un de ses prédécesseurs, Lucien Bouchard.

Vendredi, l'ancien premier ministre, devenu président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, a invité le gouvernement à contribuer rapidement au développement de l'industrie à l'aide de ses sociétés d'investissement. «C'est une des fonctions importantes de l'État de développer ses ressources naturelles et il serait plus rentable qu'il le fasse tout de suite que d'attendre plus tard», a indiqué Lucien Bouchard lors d'une conférence au congrès de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

La proposition a été bien reçue par Jean Charest. «J'ai trouvé intéressant le commentaire de M. Bouchard. Ça fait partie de la réflexion que tout le monde doit faire sur l'avenir énergétique du Québec au sens large du terme», a-t-il, lors d'un point de presse hier.

Le premier ministre insiste toutefois pour dire que, avant de considérer la possibilité d'investir dans cette industrie, son gouvernement compte attendre l'évaluation environnementale stratégique commandée en mars à la suite du rapport du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement. «Prenons ça un pas à la fois. Nous, ce que nous voulons, c'est une évaluation qui va nous permettre de vraiment mesurer le potentiel, mais également les risques. Il faut prendre le temps de faire ça comme il faut», a-t-il poursuivi.

Le Québec est loin d'être le seul endroit au monde où le développement de l'industrie du gaz de schiste soulève les passions, a souligné M. Charest. «Il y a un débat partout sur la planète en ce moment. Au Québec, l'important, c'est de faire l'évaluation environnementale stratégique pour que nous puissions prendre une décision qui est éclairée et qui sera fondée sur la sécurité sur le plan environnemental, de la santé et de la sécurité énergétique. Il n'est pas question pour nous de développer une industrie à moins d'avoir ces assurances avant.»

Le premier ministre se rend d'ailleurs en France cette semaine où le gouvernement a imposé un moratoire en février, puis adopté une loi le 13 juillet pour interdire la fracturation hydraulique, une technique controversée pour extraire le gaz de schiste du sol. «Je serais curieux de voir comment, là-bas, ils ont imposé un moratoire. Mais les Français prennent leurs décisions et nous prenons nos décisions», a tempéré M. Charest.

Jean Charest se rend dans l'Hexagone à l'occasion du 50e anniversaire de la présence d'une délégation québécoise à Paris. Il en profitera pour vendre à nouveau le Plan Nord. Il doit rencontrer le premier ministre François Fillon et le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant.

En point de presse hier, Jean Charest a par ailleurs refusé de se prononcer sur une enquête publique sur l'industrie de la construction.