Dans l'espoir de calmer le jeu, le gouvernement Charest a annoncé lundi quelques mesures pour resserrer les conditions d'exploration des gaz de schiste.

La nouvelle est tombée le jour même du début des travaux du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) sur l'extraction de cette ressource gazière hautement controversée.

Pendant ce temps, le porte-parole de l'industrie, André Caillé, se retrouve sur le carreau pour au moins deux semaines, sur recommandation de son médecin.

En matinée, le ministre de l'Environnement Pierre Arcand a annoncé que les entreprises gazières devront obtenir un certificat d'autorisation pour la phase exploratoire lorsqu'il y a de la fracturation hydraulique.

En fait, les entreprises devront détenir un certificat d'autorisation préalable aux travaux de fracturation, c'est-à-dire avant d'injecter des millions de litres d'eau, contenant du sable et des produits chimiques, pour casser la roche.

Pour avoir ce certificat, les promoteurs seront tenus de respecter les conditions exigées par le ministère et fournir toutes les informations requises, a indiqué le ministre Arcand.

«Ma job, c'est de m'assurer que le public soit le plus sécurisé possible et de m'assurer qu'en tant que ministre de l'Environnement, on fait la meilleure job possible», a laissé tomber M. Arcand en entrevue à La Presse Canadienne.

«En vertu des lois actuelles et en vertu de ce que j'appelle le «principe de précaution', je fais le maximum», a-t-il ajouté.

Ainsi, des inspections régulières sur les sites auront lieu afin de faire le suivi des conditions d'attribution du certificat et des normes environnementales. A cet effet, un programme spécial d'inspections sera mis sur pied pour accroître la surveillance et le contrôle des normes.

Les mesures annoncées par le ministre Arcand ont été fort bien accueillies par l'Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA).

Le conseiller juridique de l'organisme, Dominique Neuman, a confié qu'il s'agissait d'une évolution positive du dossier.

«C'est un premier pas très important, mais il faudrait qu'il y ait d'autres mesures qui soient prises, notamment en ce qui concerne le contrôle de la qualité du puit lui-même. Les fuites, à la fois de gaz dans l'atmosphère et d'eau de fracturation, constituent un enjeu», a résumé Me Neuman.

Compte tenu du nombre de questions laissées sans réponse, l'AQLPA maintient toutefois sa demande de moratoire complet sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste au Québec.

Même chose pour l'opposition péquiste, qui estime que l'annonce «en catastrophe» du ministre de l'Environnement confirme l'improvisation totale du gouvernement Charest dans ce dossier.

«C'est un signe évident qu'on improvise depuis le début. Quand on est forcé de resserrer les règles, c'est admettre qu'on n'a pas l'environnement réglementaire pour agir avec doigté et intelligence», a soutenu dans un communiqué la porte-parole de l'opposition officielle en matière de développement durable, Martine Ouellet.

Président de l'Association pétrolière et gazière du Québec, André Caillé devra pour sa part suivre les travaux du BAPE à distance pour au moins deux semaines.

Le cabinet de relations publiques National a confirmé que M. Caillé, qui a consulté son médecin le week-end dernier, devra prendre du repos et ne plus participer à des activités professionnelles.

M. Caillé a dû annuler le discours qu'il devait livrer mardi midi devant la Chambre de commerce de Québec.

L'ancien grand patron d'Hydro-Québec n'a pas eu la partie facile ces dernières semaines dans son rôle de porte-parole de l'industrie du gaz.

Il a été chahuté au cours des trois séances publiques d'information qu'il a menées au nom de l'Association pétrolière et gazière.

Avant d'être mis au repos, M. Caillé n'avait pas prévu assister lundi soir à la première assemblée du BAPE à Saint-Hyacinthe.

Le BAPE a reçu le mandat principal de «proposer un cadre de développement de l'exploration et de l'exploitation des gaz de schiste de manière à favoriser une cohabitation harmonieuse de ces activités avec les populations concernées, l'environnement et les autres secteurs d'activité présents sur le territoire».

Son rapport devra être déposé au ministre Pierre Arcand le 4 février 2011.