Le Québec devrait prendre exemple sur le Japon, qui depuis Fukushima a lancé un ambitieux programme d'énergies renouvelables, selon le directeur principal d'Équiterre, Steven Guilbeault. Des parcs géants d'éoliennes ont été approuvés en un temps record et une hausse des tarifs de 15 à 25% a permis de diminuer la consommation d'électricité.

«L'exemple du Japon montre qu'on peut faire rapidement la transition vers les énergies renouvelables et l'économie d'énergie», a affirmé M. Guilbeault, en marge d'une conférence qu'il donnait sur la question, hier, à la Maison du développement durable. «Nous avons au Québec le luxe de nous préparer pour la transition.»

Le gouvernement japonais, qui a promis de rouvrir certaines des 54 centrales, vise de produire 20% de son électricité avec des éoliennes d'ici 2020, alors que cette source d'énergie ne produit même pas 1% de l'électricité du pays actuellement. Une loi obligeant l'installation de panneaux solaires sur toutes les nouvelles maisons est actuellement à l'étude. Un règlement oblige les entreprises de production d'électricité à acheter à bon prix les surplus d'électricité générés par les consommateurs ayant des panneaux solaires sur leur toit. La consommation d'électricité a diminué de 15% par rapport à 2010, les Japonais éteignant religieusement les lumières non essentielles et acceptant la canicule sans climatisation - en plus d'une baisse de l'activité industrielle.

Hausse de tarifs

Une hausse des tarifs aussi importante est-elle nécessaire pour ce type de changements? «On pourrait avoir au Québec des tarifs qui reflètent les coûts de production, dit M. Guilbeault. Il y a d'ailleurs des idées fausses qui circulent sur les coûts de production de l'énergie éolienne. C'est sûr qu'ils sont plus élevés que ceux des premiers barrages et que les éoliennes installées sont souvent peu nombreuses dans une perspective de développement régional. Mais si on installe des parcs éoliens industriels, les coûts seront similaires à des barrages comme la Romaine.»

Plusieurs environnementalistes sont opposés aux fermes éoliennes, notamment pour des raisons esthétiques. Pas Steven Guilbeault. «Moi, je trouve ça très beau, dit-il. Quand on se promène au soleil levant sur les rives de Copenhague, les parcs éoliens au large sont très jolis.»

La fermeture temporaire des centrales nucléaires nippones - leur réouverture génère beaucoup d'opposition locale, selon M. Guilbeault - a obligé de compenser par des centrales brûlant du gaz et du pétrole, et a généré une hausse des émissions de gaz à effet de serre, qui étaient en déclin depuis 2004. «C'est une conséquence à court terme», dit M. Guilbeault.

Miser sur l'éolien marin

Le plus grand parc éolien marin du monde remplacera la tristement célèbre centrale nucléaire de Fukushima. Les travaux sur la première turbine flottante, à 20 km au large de Fukushima, ont commencé cet été. Elle générera deux mégawatts, sera opérationnelle cet automne et deux autres turbines flottantes de 7MW chacune seront ajoutées en 2014. À terme, le projet de 22 milliards de yens (200 millions CAN) aura une capacité de 1000 MW. Deux autres parcs éoliens marins seront construits au large du Japon faute de place sur la terre ferme.