Les effets des changements climatiques, notamment en ce qui concerne la durée de la période durant laquelle les ours polaires peuvent se nourrir et la diminution de la population de phoques, pourraient être à l'origine de l'extrême maigreur de l'ours apparaissant dans une vidéo récemment devenue virale, selon un expert.

La vidéo, filmée par le photojournaliste canadien Paul Nicklen, a été visionnée plus d'un million de fois et montre un ours polaire squelettique qui, écume à la bouche, fouille dans un baril en métal à la recherche de nourriture sur l'île de Baffin.

Ian Stirling, un professeur auxiliaire de l'Université de l'Alberta qui étudie les ours polaires depuis 40 ans, affirme que la période durant laquelle les ours peuvent s'alimenter dure maintenant trois semaines de moins, ce qui pourrait expliquer pourquoi la bête de la vidéo de M. Nicklen est émaciée.

Les ours polaires sont capables de se priver de nourriture pendant des mois. M. Stirling prévient toutefois qu'un jeûne légèrement plus long et moins de temps pour faire des réserves de graisse en dévorant un nombre suffisant de phoques pourraient condamner des ours à mourir de faim.

Le spécialiste explique que la période d'alimentation diminue progressivement, ce qui fait que les ours arrivent sur la terre ferme avec des réserves de graisse moins importantes sur lesquelles ils doivent compter pendant plus longtemps et certains n'y arrivent tout simplement pas.

Ian Stirling reconnaît que les souffrances de l'ours apparaissant dans la vidéo de Paul Nicklen ont probablement été causées par les changements climatiques dans l'Arctique et souligne que les ours polaires vivant ailleurs dans le monde, qui éprouvent déjà des difficultés en raison du climat, risquent de subir le même sort.

L'expert soutient avoir déjà découvert des ours polaires morts de faim, un diagnostic qui ne peut être confirmé que par une autopsie, et en avoir vu d'autres à l'agonie lorsqu'il travaillait dans l'Arctique norvégien.

M. Nicklen, qui doit parler de sa vidéo à l'occasion d'un événement organisé à sa galerie d'art de New York plus tard samedi, confie que lorsqu'il entend les scientifiques dire que les ours polaires disparaîtront au cours du prochain siècle, il a l'impression que les animaux mourront de faim.

Le photojournaliste, qui travaille pour National Geographic et est le cofondateur du groupe militant SeaLegacy, dit espérer que la vidéo, qu'il décrit comme étant «crève-coeur», aidera à «abattre les murs d'apathie».

«Nous sommes allés dans l'Arctique canadien pour documenter les effets des changements climatiques. Nous avons trouvé du bon, du beau et du moins beau, mais surtout de magnifiques animaux et paysages que nous voulons protéger», écrit-il dans un message publié vendredi sur le web.

Le Canada célèbre samedi le premier anniversaire du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques. Ce plan vise à établir un prix pour le carbone, à éliminer l'électricité produite avec du charbon et à améliorer l'efficacité énergétique des édifices afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre au pays.

Au moins six politiques, projets de loi ou stratégies majeurs relatifs à ce plan sont attendus en 2018.