L'administration du président Donald Trump semble envisager de plus en plus sérieusement de maintenir les États-Unis dans l'accord de Paris sur le climat, sous la pression des grandes entreprises et au prix d'un nouveau retournement politique.

Le principal élément nouveau sur ce dossier réside dans les déclarations faites mardi par le secrétaire à l'Énergie, Rick Perry.

«Je ne vais pas dire au président des États-Unis de quitter l'accord de Paris sur le climat (...). Je vais lui dire que nous devons le renégocier», a-t-il déclaré, se disant aussi favorable à la promotion de toutes les formes d'énergie.

L'ancien gouverneur du Texas rejoint ainsi la position du secrétaire d'État Rex Tillerson, ancien PDG du géant pétrolier ExxonMobil, lui aussi partisan du maintien dans l'accord, ou de la fille du président, Ivanka, et son mari Jared Kushner.

Mercredi, treize grands groupes internationaux ont pressé Donald Trump de maintenir les États-Unis dans l'accord de Paris, conclu en décembre 2015 par 195 pays et visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour contenir le réchauffement climatique.

Ces groupes industriels, dont les pétroliers BP et Shell, le géant américain de l'agrochimie DuPont, ou encore Google, Intel, Microsoft et Walmart, ont fait valoir dans une lettre que poursuivre la participation américaine à cet accord les «aiderait à gérer les risques accrus liés au changement climatique et à être compétitifs sur le marché mondial grandissant des énergies propres».

«Convergence grandissante»

«En engageant tous les pays à agir, cet accord accroît les marchés pour des technologies propres, innovantes dans le secteur de l'énergie, créé des emplois et de la croissance économique», ajoutent ces géants industriels.

S'il choisissait cette option, Donald Trump se mettrait en contradiction avec son discours de campagne sur l'environnement, fortement climato-sceptique.

«Je suis très hésitant à avancer une prédiction étant donné l'imprévisibilité du processus de décision de cette administration», a expliqué à l'AFP Elliot Diringer, directeur général du Center for Climate and Energy Solutions, influente ONG de Washington.

Toutefois, «il semble qu'il y ait une convergence grandissante à la Maison-Blanche en faveur d'une stratégie de maintien dans l'accord de Paris, mais en révisant à la baisse les objectifs de réduction des émissions de carbone des États-Unis».

Le chef des Nations unies pour l'environnement, Erik Solheim, avait abondé dans le même sens lundi.

«Je suis confiant, je pense que nous allons voir les États-Unis avec nous», avait-il confié à l'AFP, après plusieurs rencontres au département d'État, à la Banque mondiale et au Fonds monétaire international.

Les entreprises américaines ont déjà amorcé leur conversion à l'économie verte, en investissant massivement dans le solaire et les énergies propres, avait aussi pointé M. Solheim.

«Il y a encore une incertitude quant à ce que va faire la Maison-Blanche mais je pense que le sentiment actuel c'est qu'ils devraient rester dans l'accord car il y a de très bonnes raisons pour cela», confirme Frank Maisano, du cabinet international d'avocats Bracewell, qui représente des groupes du secteur de l'énergie.

Décision avant fin mai

Par ailleurs, l'ancien vice-président Al Gore, figure de la lutte contre le réchauffement climatique, a estimé mercredi qu'il y avait «plus de 50% de chance que l'administration Trump décide de rester dans l'accord de Paris».

«Je l'espère vraiment car cet accord (...) a déjà commencé à accélérer la révolution» climatique, a-t-il ajouté dans un échange à la conférence TED qui se tient cette semaine à Vancouver, au Canada.

M. Gore s'était entretenu en décembre avec M. Trump et sa fille Ivanka après l'élection.

La Maison-Blanche a fait savoir qu'elle examinait sa position, tandis que le président a confirmé qu'il officialiserait sa décision avant de se rendre au sommet du G7 en Italie les 26 et 27 mai.

Le principal conseiller de premier plan hostile à l'accord de Paris est Steve Bannon, un nationaliste dont l'influence auprès de Donald Trump paraît s'éroder.

Lepatron de l'Agence de protection de l'environnement (EPA), Scott Pruitt, est également dans ce camp. Il a récemment plaidé pour un retrait, estimant que c'était «une mauvaise affaire pour l'Amérique», qui avantageait surtout la Chine, le plus gros émetteur mondial de CO2 devant les États-Unis.

La précédente administration de Barack Obama s'était engagée à Paris à ce que les États-Unis réduisent leurs émissions de CO2 de 26 à 28% d'ici 2025, par rapport au niveau de 2005.