Il y a un peu de « l'esprit canadien » dans l'accord international historique sur la réduction des gaz à effet de serre (GES) qui a été adopté samedi à Paris, si on en croit la ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna.

L'esprit de collaboration et l'amitié que le Canada partage avec plusieurs pays ont permis de rapprocher les parties, estime la ministre.

Elle avait d'ailleurs été mandatée comme facilitatrice au cours des négociations par le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui présidait cette Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, la COP21.

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C'est la première fois que tous les pays s'entendent sur cet enjeu avec un accord contraignant, alors que depuis plus de 20 ans, l'ONU tente en effet de les convaincre de se concerter pour réduire leurs émissions, qui contribuent au réchauffement de la planète, selon le consensus scientifique.

En point de presse tard samedi soir juste à la sortie de la salle de plénière où étaient encore réunis les délégués, la ministre a déclaré avoir été « honorée » d'avoir pu travailler avec un grand nombre de leaders, elle qui passait ainsi son premier grand test sur la scène internationale.

Nombreux pourparlers

Et de surcroît, le mandat de facilitatrice exigeait d'elle de nombreux pourparlers nuit et jour en vue de rapprocher les parties. L'esprit canadien lui a permis de résoudre les divergences, a-t-elle confié.

« Oui, c'était un esprit canadien, a dit, dans un des hangars de l'enceinte du Bourget, la ministre. On peut faire ça, on peut rassembler. Pour trouver un accord, c'est vraiment important d'avoir des amitiés avec ceux qui sont des négociateurs et cela a vraiment aidé. »

Mme McKenna a avoué avoir toutefois eu des doutes parfois sur la faisabilité d'un accord liant les 195 pays.

« Avais-je des doutes? Peut-être entre 4 h et 6 h du matin, c'était un peu difficile parfois. Mais je suis une optimiste réaliste. Je savais qu'il y avait des solutions, mais on a travaillé vraiment fort. »

La ministre a affirmé avoir vécu un moment « formidable » qu'on vit une fois dans une génération, selon elle.

À première vue, Mme McKenna ne voit pas de problème pour le Canada dans le texte de cet accord, qui est « ambitieux ».

Elle reconnaît toutefois que le « travail difficile » s'en vient au Canada. Une fois de retour au pays, il faudra mettre en oeuvre cet accord-cadre, travailler avec les provinces, déployer les mécanismes pour atteindre les cibles de réduction de GES, etc.

Même cible que les conservateurs

C'était à la fois un pari risqué et un tour de force pour la diplomatie canadienne du jeune gouvernement Trudeau, qui a fait un de ses premiers tours de piste à la COP21, où il voulait marquer une rupture avec le précédent gouvernement Harper, hostile à ce genre d'exercice.

Cependant, le gouvernement Trudeau a gardé la même cible que les conservateurs, c'est-à-dire une réduction de 30% des émissions de GES d'ici 2030, sous les niveaux de 2005.

Le Canada s'est engagé à contribuer à hauteur de 2,65 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour la lutte aux changements climatiques.

Cet argent servira à la réduction des émissions de carbone par le financement de sources d'énergie durables. L'enveloppe permettra également aux pays en voie de développement, souvent les plus touchés par les changements climatiques, de se munir d'infrastructures utiles pour se protéger des effets de ces changements.