Si le gouvernement canadien et des groupes écologistes ont applaudi l'Accord de Paris sur les émissions de gaz à effet de serre (GES), d'autres espèrent que l'on passera rapidement aux actes.

Quelque 200 pays ont entériné l'accord, samedi. Ce dernier imposera des limitations pour les émissions de GES à tous les pays.

La ministre canadienne de l'Environnement, Catherine McKenna, a d'abord écrit sur son compte Twitter qu'elle était « heureuse de faire partie de l'accord », ajoutant qu'elle était « très fière des négociateurs canadiens ». Selon elle, il s'agit d'un accord historique conclu « pour nos enfants ».

En point de presse tard samedi soir juste à la sortie de la salle de plénière où étaient encore réunis les délégués, la ministre a déclaré avoir été « honorée » d'avoir pu travailler avec un grand nombre de leaders, et a soutenu que l'« esprit canadien » de collaboration lui avait permis de résoudre certaines divergences à titre de facilitatrice nommée par le ministre français des Affaires étrangères.

Le premier ministre Justin Trudeau a publié un communiqué, se disant « heureux que le Canada et 194 autres pays aient pu parvenir à un accord historique qui soit ambitieux et équilibré afin de lutter contre les changements climatiques ».

M. Trudeau a dit qu'il restait « un travail colossal à faire au pays et dans le monde entier pour mettre l'accord en oeuvre », et a rappelé qu'il rencontrerait les premiers ministres des provinces « dans les 90 prochains jours afin d'établir un plan pour respecter nos engagements internationaux ».

Équiterre a salué l'accord. Selon son porte-parole, Steven Guilbeault, un « moment historique » se déroule à Paris, puisque c'est un texte solide et « intéressant » qui lie tous les pays. « Aujourd'hui, c'est le début de la fin de l'ère des combustibles fossiles, a-t-il dit dans une entrevue à La Presse Canadienne au Bourget samedi. C'est le début de l'ère des énergies renouvelables. »

Pour sa part, l'organisme Environmental Defence a aussi qualifié l'accord d'historique, mais a appelé les pays à passer à l'action, particulièrement le Canada.

Les engagements des États à réduire leurs émissions sont trop faibles pour atteindre la cible d'un réchauffement de 1,5 degré, a prévenu le directeur général de l'organisme, Tim Gray, par voie de communiqué. « Au cours de la prochaine année, le Canada doit renforcer son propre programme de réduction des émissions et travailler avec d'autres pays pour mettre sur pied un plan, afin de s'assurer que les gouvernements vont réviser et mettre à jour leurs engagements de réduction de la pollution, de même que leurs contributions financières. »

D'autres, comme le chef du NPD, Thomas Mulcair, Greenpeace et le WWF-Canada ont fait écho aux propos de M. Gray, soulignant que le Canada se devait maintenant d'agir pour réduire les émissions de gaz à effet de serre au pays.

Le NPD a affirmé dans un communiqué que le Canada aurait déjà dû présenter des cibles « ambitieuses », encourageant le gouvernement Trudeau à assurer une transition entre une économie dépendante au carbone, vers une économie verte.

« Le Canada doit maintenant tourner le dos aux combustibles fossiles et entrer dans l'ère des énergies renouvelables. Cela signifie que nous devrons rejeter les pipelines de sables bitumineux et les autres infrastructures polluantes et accélérer la transition vers une économie propre et renouvelable à 100 pour cent », a déclaré le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace, Patrick Bonin.

Le porte-parole conservateur en matière d'environnement, Ed Fast, est resté sceptique, faisant remarquer que l'accord importait peu si que le gouvernement fédéral n'annonce officiellement pas les objectifs du Canada.

Il a appelé Ottawa à consulter les grands émetteurs au pays avant d'établir ces cibles.

M. Fast dit également s'inquiéter des conséquences de l'accord sur le secteur de l'énergie, qui a déjà perdu des dizaines de milliers d'emplois récemment.

La directrice des politiques fédérales de l'Institut Pembina, Erin Flanagan, souhaite que le gouvernement fédéral établisse rapidement un plan pour combattre les changements climatiques. Selon elle, les engagements des provinces ne suffiront pas à réduire les émissions. Toutefois, elle concède que l'entente « laisse entrevoir une puissante transition mondiale vers l'abandon des carburants fossiles à haute teneur de carbone ».

De son côté, la député solidaire de Sainte-Marie-Saint-Jacques, Manon Massé, présente à Paris, croit que « le Québec a une chance unique (de) pouvoir décider dès maintenant de tourner le dos à la production d'hydrocarbures ». Elle a notamment demandé au gouvernement québécois de « financer adéquatement la transition écologique en redonnant des moyens aux populations, aux villes, aux municipalités et ce, malgré le régime d'austérité plébiscité ».