La Conférence de l'ONU sur le climat joue les prolongations samedi à Lima, pays industrialisés et en voie de développement butant sur les engagements qu'ils doivent prendre avant le grand accord espéré à Paris fin 2015.

Les discussions devaient initialement prendre fin vendredi à 18h00 locales, mais se poursuivaient, à huis clos, faute de consensus sur un texte qui doit donner un cadre à ces engagements (périmètre, degré de précision, évaluation, etc.).

Une telle prolongation est un fait très habituel dans ces conférences annuelles de l'ONU sur le climat, où les quelque 190 pays représentés peinent toujours à arriver à un concensus.

Vendredi après-midi, Manuel Pulgar, le ministre de l'Environnement du Pérou, qui préside les débats, avait assuré: «Nous y sommes presque, nous avons besoin d'un dernier effort», avant la reprise des pourparlers au sein du village provisoire de la conférence, installé sur le site du Pentagonito, le ministère de la Défense.

Mais plusieurs heures plus tard, le texte sur les contours des engagements ou «contributions nationales» que chaque pays devra prendre courant 2015 était toujours l'objet de tractations.

Ces engagements doivent réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau global, en vue de limiter à 2°C la hausse de la température de la planète.

À Lima, le projet d'accord sur ce sujet doit être formellement adopté, faute de quoi la 20e conférence de l'ONU sur le climat n'aura pas tenu ses promesses.

Établir maintenant des règles communes sur le contenu des contributions nationales et leur évaluation est une étape cruciale pour assurer un certain niveau d'ambition dans l'accord multilatéral espéré à Paris.

«Confusion» sur les financements

Pour limiter la température mondiale comme prévu, il faut réduire d'ici 2050 les émissions de GES de 40 à 70%, selon les experts. Cela suppose que tous les pays se détournent peu à peu des énergies fossiles - le charbon en premier lieu - et investissent massivement dans d'autres énergies.

Depuis 12 jours, les débats ont porté «à 80% sur les sujets récurrents» que sont la différentiation entre pays développés et en voie de développement, le soutien à l'adaptation au réchauffement et les financements, a indiqué à l'AFP Pascal Canfin, expert auprès du World ressources institute (WRI) et ancien ministre français chargé du développement.

La Convention de l'ONU sur le climat de 1992 reconnaît «une responsabilité commune, mais différenciée» pour deux catégories de pays (développés et en voie de développement) et cette question vient régulièrement compliquer les débats. Chine et Inde en tête, désormais le 1er et le 4e émetteurs de gaz à effet de serre, plaident pour un statu quo, considéré comme inacceptable par les États-Unis, l'Union européenne, etc.

Les pays du Sud - surtout groupe Afrique, petits États insulaires, Arabie saoudite, Brésil et Philippines - veulent aussi assurer une place de choix à l'adaptation aux impacts du changement climatique. Non seulement dans l'accord de 2015, mais aussi dans les «contributions nationales».

«Les pays développés ne voudraient que de la réduction des gaz à effet de serre (dans les contributions), mais c'est impossible pour nous», a déclaré à l'AFP Seyni Nafou, porte-parole du groupe Afrique.

Le processus d'évaluation des contributions (au niveau global, et par rapport à la capacité de chaque pays) est un autre sujet de friction, Chine et Inde notamment étant opposés à une démarche trop exigeante.

Les pays africains, qui ne représentent qu'une fraction marginale des émissions de gaz à effet de serre (quelque 3 %), conditionnent une évaluation précise à des garanties financières.

L'aide aux pays du Sud pour faire face au réchauffement est un sujet de grande défiance dans ces discussions.

Certains pays, notamment Chine, Brésil, Mexique, Arabie saoudite, Bolivie (qui préside le groupe G77) exigent plus de visibilité sur la manière de tenir la promesse que le Nord a faite en 2009 d'atteindre 100 milliards de dollars d'aide annuelle en 2020.

«Sur les finances, nous sommes dans la confusion totale», a confié Seyni Nafou. «L'idée c'est d'avoir une feuille de route - scénario, sources, dates de rendez-vous - c'est une demande forte des pays africains», a-t-il dit.