Le président américain Barack Obama a appelé mardi à New York à la conclusion fin 2015 à Paris d'un accord mondial «ambitieux» pour lutter contre le réchauffement climatique, menace «urgente et croissante».

Lors d'un sommet climat à l'ONU rassemblant quelque 120 chefs d'État et de gouvernement, M. Obama a souligné la «responsabilité particulière» des États-Unis et de la Chine, les deux principaux émetteurs de gaz à effet de serre de la planète.

«Quels que soient les défis immédiats auxquels nous tenterons de répondre cette semaine, terrorisme, instabilité, inégalités, maladies, il y a un sujet qui marquera les contours de ce siècle de manière plus spectaculaire que tous les autres : il s'agit de la menace urgente et croissante du changement climatique», a lancé M. Obama.

«Le climat change plus rapidement que nos efforts pour y répondre. Nos citoyens manifestent. Nous ne pouvons faire semblant de ne pas les entendre. Nous devons répondre à l'appel», a-t-il ajouté.

Des centaines de milliers de personnes, dont plus de 300 000 à New York, ont manifesté dimanche à travers le monde pour réclamer une action urgente face à la hausse du thermomètre mondial.

Évoquant l'accord qui doit être conclu en décembre 2015 à Paris sous l'égide de l'ONU, le président américain a appelé la communauté internationale à faire preuve de «plus d'ambition». Il a réclamé un accord «ambitieux», «global, car tous les pays doivent s'impliquer», et «flexible, car différents pays font face à des réalités différentes».

Les États-Unis annonceront au premier trimestre 2015 leurs objectifs de réduction d'émissions de gaz à effet de serre au-delà de 2020, qui seront au coeur de l'accord de Paris.

M. Obama a réaffirmé que son pays tiendrait ses engagements pour 2020 : réduction des émissions de gaz à effet de serre de 17 % par rapport à leur niveau de 2005.

Le président américain a longuement insisté sur les efforts engagés par son administration ces derniers mois, avec en particulier la mise en place de nouvelles normes pour une réduction drastique des émissions de CO2 pour l'ensemble des centrales électriques existantes (baisse de 30 % d'ici 2030 par rapport à 2005).

Il a en outre annoncé la signature d'un décret obligeant les agences fédérales à prendre en compte la résistance au changement climatique dans la conception de leurs programmes de développement à l'international.

-Avec André Viollaz

Ban Ki-moon: «Nous sommes là pour écrire l'Histoire»

Les dirigeants du monde entier ont été appelés à prendre leurs responsabilités face au réchauffement climatique qui menace la planète, lors d'un sommet historique mardi à l'ONU.

«Je vous demande de faire preuve de leadership», a lancé le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, à plus de 120 dirigeants mondiaux réunis au siège de l'ONU à New York. «Nous ne sommes pas là pour parler, nous sommes là pour écrire l'Histoire».

«Le changement climatique menace la paix chèrement acquise, la prospérité et les chances de réussite de milliards de personnes», a-t-il souligné à la tribune de l'Assemblée générale de l'ONU. À la fin du siècle, a-t-il ajouté, «nous ne devons pas émettre plus de carbone que notre planète ne peut en absorber».

Il a notamment appelé les gouvernements à abonder de 100 milliards de dollars par an le Fonds vert pour le climat, créé à la Conférence de Copenhague en 2009, mais qui manque cruellement de moyens.

La France a annoncé dans la foulée qu'elle contribuerait à hauteur d'un milliard de dollars à ce Fonds vert. Seule l'Allemagne avait jusqu'à présent mis la main au portefeuille de manière significative, posant elle aussi sur la table un milliard de dollars.

Avec plus de 120 chefs d'État et de gouvernement, dont Barack Obama et François Hollande, ce sommet représente la plus forte concentration de dirigeants jamais réunis pour discuter du climat. Il ambitionne de faciliter un accord contraignant à la Conférence de Paris en décembre 2015, prochaine étape cruciale des négociations sur le climat. L'accord scellé à Paris entrerait en vigueur en 2020.

«Je demande à tous les gouvernements de s'engager à conclure un accord universel et significatif sur le climat à Paris en décembre 2015 et de faire tout ce qu'ils peuvent pour limiter la hausse de la température mondiale à moins de 2 degrés Celsius», l'objectif fixé à Copenhague, a dit M. Ban.

Selon les scientifiques, si les émissions de gaz à effet de serre, dont le gaz carbonique, restent à leur niveau actuel, la planète se réchauffera en fait de quatre ou cinq degrés à la fin du siècle, ce qui déclenchera des phénomènes météorologiques extrêmes et fera monter le niveau des mers.

DiCaprio : ne faites pas semblant

M. Ban a reçu le renfort de la vedette hollywoodienne Leonardo DiCaprio, qui lui a succédé à la tribune pour affirmer que «l'air pur et un climat vivable font partie des droits de l'homme inaliénables» et qu'investir dans les énergies renouvelables «est une bonne politique économique».

Costume-cravate sombre et queue de cheval, l'acteur de Titanic, qui vient d'être nommé par l'ONU Messager de la paix pour le climat, a exhorté chefs d'État et de gouvernement à «répondre au plus grand défi de l'humanité avec courage et honnêteté». «Je gagne ma vie en faisant semblant, mais vous ne pouvez pas vous le permettre», leur a-t-il lancé.

Le maire de New York Bill de Blasio a lui rappelé que le sujet était «d'autant plus urgent» pour sa ville qu'il y a deux ans l'ouragan Sandy a provoqué des inondations catastrophiques qui ont fait 44 morts. La Grosse Pomme a promis de réduire de 80 % ses émissions polluantes d'ici à 2050.

Les dirigeants participant au sommet se sont ensuite divisés en trois plénières parallèles pour débattre et prendre date en prévision de la Conférence de Paris. Plus de 200 entreprises sont aussi représentées au sommet et pourraient annoncer des partenariats et des initiatives concrètes.

Mais deux des plus gros pollueurs de la planète avec les États-Unis, la Chine et l'Inde, ne sont pas représentés par leurs chefs d'État respectifs, ce qui jette une ombre sur la réussite de ce sommet. Le premier ministre canadien Stephen Harper boude également l'événement. 

Pour l'ONG OXFAM, «peu de gouvernements seront en mesure de prendre de véritables engagements» chiffrés. Les initiatives que pourront prendre à cette occasion le secteur privé ou des fondations ou associations «sont utiles, mais peu nombreuses et pas déterminantes».

Le fonds d'investissement des frères Rockefeller, qui pèse 840 millions de dollars, a annoncé lundi qu'il allait se désengager de deux formes d'énergie très polluantes, le charbon et les sables bitumineux, et le patron de Apple Tim Cook a promis de mettre désormais l'accent sur les investissements les plus respectueux de l'environnement.