Désabusés et pessimistes relativement aux changements climatiques? Ça se comprend. Mais si le portrait est sinistre, l'espoir n'est pas mort. Freiner le réchauffement du climat reste possible, nous dit le Groupe d'experts intergouvernementaux sur l'évolution du climat (GIEC) dans son dernier rapport publié dimanche. En revanche, pour ça, il faudra une révolution - et une vraie - qu'on doit mettre en branle sans tarder.

Les moyens à déployer seront difficiles et coûteux, souvent imparfaits et parfois controversés. Mais on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs. Prêts? Voici une révolution en cinq étapes tirée du rapport du GIEC qui pourrait sauver la Terre.

Fixer l'objectif

Toute révolution doit avoir un but. Et celui proposé par le GIEC dans son rapport dévoilé dimanche a l'avantage d'être clair.

Au rythme actuel, le GIEC prévoit que la température du globe augmentera de 3,7 à 4,8 °C par rapport au niveau préindustriel d'ici 2100.

Pour avoir une chance d'éviter le pire, le groupe propose de tout faire pour ramener cette hausse à 2 °C.

Cet objectif est extrêmement ambitieux. Pour l'atteindre, il faudrait réduire les émissions de gaz à effet de serre de 40 à 70% d'ici 2050... et les éliminer presque totalement d'ici 2100.

Changer totalement le mix énergétique

C'est incontournable: si on veut limiter la hausse du réchauffement à 2 °C, il faudra une «élimination presque totale des émissions imputables à la production d'électricité», avertit le GIEC.

En attendant de nettoyer complètement le secteur, une priorité s'impose: remplacer immédiatement les centrales au charbon par des centrales au gaz naturel modernes, beaucoup moins polluantes.

D'ici 2050, il faudra ensuite tripler et même quadrupler la part des énergies non polluantes. Les énergies renouvelables seront cruciales, mais l'objectif semble inatteignable sans le recours au nucléaire, une technologie risquée, mais bien connue et prête à être implantée.

Économiser l'énergie

L'énergie est le nerf de la guerre dans la lutte au réchauffement climatique, et l'économiser permet une chose: acheter du temps. En consommant moins, on limite les émissions alors que le secteur est encore très polluant.

La bonne nouvelle, c'est que les technologies d'efficacité énergétique ont beaucoup progressé au cours des dernières années.

«Les gains énergétiques sont payants pour ceux qui les déploient», souligne aussi Hugo Séguin, chercheur en enjeux énergétiques et politiques climatiques au Centre d'études sur l'intégration et la mondialisation du Cérium.

Investir dans les technologies

Capter le carbone émis par les centrales et les usines, puis le séquestrer à jamais dans le sol est un vieux rêve qui divise les écologistes.

«Un Saint Graal technologique», juge l'expert Hugo Séguin, qui y croit peu.

Le GIEC fait pourtant une place de choix à la technologie dans ses scénarios, affirmant que des mesures incitatives financières pourraient vaincre les barrières d'implantation.

Le GIEC envisage même d'extraire directement le carbone de l'atmosphère. En poussant, par exemple, les végétaux aspirent le CO2 de l'air. En les brûlant, on libère ce CO2. Mais si on capte et on séquestre les gaz, on se retrouve avec un mode de production d'énergie... à émissions négatives!

Changer - enfin! - nos façons de penser

Freiner le réchauffement climatique sera coûteux. Le GIEC prévoit qu'agir pour limiter la hausse des températures à 2 degrés Celsius plomberait la croissance mondiale d'environ 0,06% par année. Une croissance mondiale de 3%, par exemple, serait ramenée à 2,94%.

Évidemment, ne rien faire a aussi un coût. Dans un rapport récent, le groupe estimait qu'une élévation de 2,5 °C provoquerait une perte évaluée entre 0,2 et 2% de l'économie mondiale en 2100.

Le GIEC écrit aussi que l'objectif de freiner le réchauffement sera impossible si «les agents individuels poursuivent leurs propres intérêts de façon indépendante» et plaide pour une collaboration internationale.