Du maïs en Abitibi et au Lac-Saint-Jean, c'est entre autres choses l'avenir de l'agriculture au Québec dans une ou deux générations, selon une nouvelle recherche sur les changements climatiques.

«Dans des régions où la culture de maïs-grain n'est actuellement pas possible, elle pourrait être envisagée, a affirmé Guy Debailleul, professeur d'agronomie à l'Université Laval. En particulier au Lac-Saint-Jean.»

Avec les conditions climatiques que l'on connaîtra vers 2050, la culture du maïs devrait prospérer sur tout le territoire qu'elle occupe déjà. Le rendement à l'hectare devrait augmenter de 20% à 60%, à condition d'irriguer les champs, conclut une nouvelle recherche dévoilée cette semaine par M. Debailleul au symposium d'Ouranos, à Montréal.

Ce consortium de recherche québécois fête cette année ses 10 ans. Son directeur général, Pierre Baril, vient d'être nommé à la présidence du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). René Roy, hydrologue qui a fait carrière à Hydro-Québec, assurera l'intérim, jusqu'à ce qu'un successeur soit choisi.

La recherche de M. Debailleul a porté aussi sur la culture des pommes et sur le fourrage, élément crucial de l'élevage laitier.

Dans les deux cas, le climat futur réserve de belles surprises au monde agricole québécois. Le Québec deviendrait un concurrent direct de l'Ontario et de la Colombie-Britannique pour ce qui est de la pomme, grâce au climat plus chaud et aussi à l'intensification du verger québécois moyen.

Et on pourrait envisager trois ou quatre récoltes de foin par année, ce qui pourrait faire augmenter la production laitière.

«Dans aucun scénario, les changements climatiques ne bouleversent fondamentalement la production agricole au Québec», résume M. Debailleul.

Ce n'est pas le cas aux États-Unis, où les rendements de la culture du maïs vont stagner ou se détériorer, notamment en Iowa et en Illinois, note-t-il.

Plus d'eau dans les grands réservoirs

Les plus récentes simulations climatiques, de plus en plus perfectionnées, continuent de confirmer les recherches réalisées à l'origine par M. Roy: les grands barrages du Nord québécois vont recevoir plus d'eau. Une bonne nouvelle pour Hydro-Québec. Ces prévisions sont devenues assez robustes pour servir à la planification de la gestion des grands ouvrages existants et de la construction de nouveaux, estiment les chercheurs.

Cependant, ces modèles continuent d'avoir des angles morts. Par exemple, les recherches se poursuivent pour qu'ils tiennent compte de la «sublimation de la neige transportée par le vent». Ces flocons qui s'évaporent avant de retomber au sol sont autant de gouttelettes qui ne remplissent pas les réservoirs.