Pluies torrentielles, sécheresses, écosystèmes en perdition: le futur climat du Canada forcera ses habitants et la nature à s'adapter, et il faut s'y préparer dès maintenant.

C'est le message qui ressort d'un rapport préparé par un impressionnant groupe d'experts financé par la compagnie d'assurance Intact.

Ils ont défini cinq domaines prioritaires d'intervention: les infrastructures urbaines, la biodiversité, les ressources en eau douce, les communautés autochtones et l'agriculture.

Les routes, les réseaux d'aqueduc et les barrages «risquent d'être grandement touchés par les changements climatiques», affirme également le rapport.

Darrel Danyluk, président du comité d'ingénierie et d'environnement de la Fédération mondiale des organisations d'ingénieurs, a dirigé la rédaction du chapitre concernant les infrastructures urbaines. Les villes doivent affronter des «inconnues touchant la nature et l'importance des changements climatiques locaux», mais elles doivent néanmoins «évaluer toutes les infrastructures, en vue d'établir et de définir le risque posé pour les infrastructures essentielles. Lorsque les vulnérabilités des infrastructures dépassent les seuils de tolérance, des mesures d'adaptation sont requises.»

Disparition d'espèces

Quant à la biodiversité, elle est menacée par les changements rapides du climat, qui «peuvent provoquer non seulement l'extinction de certaines espèces, mais aussi l'introduction d'espèces envahissantes».

Il faut parer le coup dès maintenant en créant des «corridors d'habitats naturels dans les régions où la présence d'activités humaines est importante pour favoriser la migration», en plus de mieux gérer les espèces exotiques envahissantes.

Dans le sud du pays, les milieux naturels sont comme «des îlots dans un océan de terres agricoles ou développées». «Cet isolement des habitats représente un défi écologique de taille dans un contexte de changements climatiques, selon le rapport. La survie de nombreuses espèces dépendra de leur capacité à migrer vers des habitats plus accueillants, à mesure que leur habitat d'origine évolue en réaction aux conditions climatiques changeantes.»

L'effondrement d'un écosystème peut avoir de graves conséquences sur les communautés humaines. «La biodiversité peut être décrite comme étant l'infrastructure verte ou le «capital naturel» dont dépendent notre santé et notre prospérité futures en tant que société», affirme-t-on.

Pollution de l'eau

David Schindler, l'un des plus grands scientifiques du pays, signe le chapitre sur l'eau douce. C'est dans le sud de l'Alberta que les ressources en eau sont les plus menacées par les changements climatiques. Cependant, les Grands Lacs «recommencent à montrer des signes de problèmes de pollution, qui découlent maintenant des changements climatiques».

Ainsi, quelle que soit la région du pays, il faut dès maintenant restaurer et mieux protéger les zones humides et les cours d'eau, ainsi qu'améliorer «tous les aspects du contrôle de la pollution de l'eau».

«Si nous continuons à ne pas nous atteler adéquatement aux changements climatiques dans le cadre du fonctionnement et du développement du Canada, il est certain que d'importantes crises de l'eau surviendront dans les prochaines décennies», affirme-t-on.

Par ailleurs, les changements climatiques auront un impact disproportionné sur les communautés autochtones. Leurs effets «sur les écosystèmes et la faune mettront en péril la récolte, la chasse, la pêche, la trappe et la sécurité alimentaire en général, ce qui affectera la santé des populations autochtones».

Rendements agricoles

Bien que l'agriculture soit un des principaux objets de la recherche sur l'impact des changements climatiques (notamment les rendements futurs), «une grande partie de la communauté agricole (producteurs, entreprises, etc.) n'accepte pas la réalité des changements climatiques», selon le rapport.

«Il est nécessaire de cerner les attributs des changements climatiques qui sont pertinents aux décisions et à l'exploitation en agriculture [et] d'illustrer la signification de ces attributs dans un vocabulaire employé par les agriculteurs.»

Tous ces impacts intéressent l'industrie des assurances. «Les assureurs doivent comprendre comment les changements climatiques influent sur les événements météorologiques extrêmes pour s'assurer que [leur] tarification est exacte», précise le rapport. Les assureurs recommandent aussi une refonte du Code national du bâtiment, qui doit «être mis à jour afin de répondre à l'augmentation potentielle des événements météorologiques extrêmes».