Comment ça marche?

Chaque année, une limite est imposée à la quantité de gaz à effet de serre qu'une industrie peut rejeter dans l'atmosphère. La limite baisse d'une année à l'autre. Si une entreprise ne diminue pas sa pollution, elle doit acheter des droits d'émission attestant qu'une autre a diminué la sienne. Si elle dépasse son objectif de diminution, elle peut au contraire vendre des droits d'émission. Ces droits sont vendus de gré à gré ou éventuellement sur une Bourse du carbone que M. Arcand souhaite voir s'installer à Montréal. L'efficacité du système dépend de l'établissement d'un marché du carbone continental proposé par la Western Climate Initiative, un projet lancé en 2007 par la Californie.

Combien ça coûte?

Une voiture émet en moyenne 3,5 tonnes de GES par année. À 10$ la tonne, l'impact sur le prix de l'essence pourrait représenter quelques cents le litre, ou environ 35$ par année. M. Arcand n'a pas voulu préciser cet impact hier. «Qui sait ce que sera le prix de l'essence en 2015?» a-t-il demandé. Il a insisté sur le fait que le but du système était de diminuer la consommation de pétrole. Il affirme que plusieurs autres mesures déjà en place ou à venir aideraient les consommateurs à diminuer leur facture de carburant. Il a aussi rejeté l'idée d'une taxe sur le carbone qu'il juge moins équitable pour les consommateurs. Par ailleurs, les secteurs industriels soumis à la concurrence internationale, comme les alumineries et les papetières, vont recevoir des crédits d'émission gratuitement, bien qu'en nombre légèrement décroissant d'une année à l'autre. M. Arcand veut éviter de provoquer des hausses de coûts et des fermetures d'usine. Il souligne que le secteur industriel québécois a déjà réduit de 25% ses émissions GES depuis 1990.

À qui ça profite?

En attendant les bienfaits d'une éventuelle stabilisation du climat mondial, l'établissement d'un marché du carbone va stimuler la réduction de la pollution dans tous les secteurs de l'économie. D'abord dans les grandes industries visées par les plafonds d'émission, qui auront intérêt à dépasser leurs objectifs afin de pouvoir revendre des droits d'émission. Le gouvernement a aussi ciblé trois autres secteurs qui seront parmi les premiers à pouvoir vendre des «crédits compensatoires» aux grands émetteurs: la foresterie, l'agriculture et la gestion des déchets. Cela signifie des emplois et des investissements dans tous ces secteurs de l'économie pour faire de la prospection et lancer des projets. Il y aura aussi du travail d'évaluation et d'audit des émissions de GES, qui sera effectué par les firmes de comptabilité et de génie.