Un groupe climato-sceptique peut-il affirmer dans une publicité que le soleil est le principal facteur des changements climatiques ? Non, ont tranché les Normes canadiennes de la publicité, dans une décision rendue publique jeudi. Un verdict qui réjouit l'Association des communicateurs scientifiques du Québec (ACS).

Rappelons d'abord les faits. En novembre dernier, l'organisme Friends of Science fait afficher deux messages controversés sur un panneau publicitaire installé le long de l'autoroute 40, à Montréal. Le premier affirme: «Le soleil est le principal facteur du changement climatique. Pas vous. Pas le CO2.» Le deuxième message prétend que «le réchauffement climatique a cessé depuis plus de 16 ans.»

Dans les jours suivants, l'Association des communicateurs scientifiques du Québec réplique en lançant elle aussi une campagne sur des panneaux publicitaires de la région de Montréal. En parallèle, 96 plaintes pour publicités trompeuses sont déposées contre Friends of Science par l'ACS et des dizaines de citoyens.

Le Conseil des normes canadiennes de la publicité a finalement conclu que les publicités de Friends of Science ont contrevenu aux articles 1 (véracité, clarté et exactitude) et 8 (déclarations de professionnels ou de scientifiques) du Code canadien de la publicité. Dans sa décision, le Conseil mentionne que «les allégations catégoriques et sans équivoque faites dans les deux publicités ne pouvaient être soutenues par une prépondérance de preuve actuelle sur le sujet en cause.»

«Cette décision n'amène pas de sanctions, mais c'est une victoire de la raison», affirme Michel Groulx, vice-président de l'ACS.

Décision «juste dans le contexte»

Pour sa part, Friends of Science s'est défendu en disant qu'ils ne pouvaient donner autant d'informations sur un panneau d'affichage. «Nous sommes en désaccord avec la décision des Normes canadiennes de la publicité, mais nous trouvons qu'elle est juste dans le contexte. Ce n'est pas un organisme scientifique, mais ils ont des normes à faire respecter», signale Michelle Stirling, responsable des communications chez Friends of Science.

L'organisme dit vouloir accroître se présence au Québec en ajoutant un volet français à son site web. Il pourrait à nouveau faire de la publicité, mais en apportant certaines nuances à son message. «Nous pourrions écrire par exemple que le soleil est l'un des facteurs du réchauffement climatique plutôt que d'affirmer que c'est le principal facteur», avance Mme Stirling.

«Si le soleil contribue au changement climatique, sa contribution est minime, précise Michel Groulx. Il y a une accélération des changements climatiques et c'est l'activité humaine qui est en cause nous dit le GIEC. Il n'existe pas de corrélation que le soleil ait pu agir sur le climat sur une période aussi courte.»

L'organisme sans but lucratif basé à Calgary a été fondé en 2002. Ses dirigeants affirment que le soleil est la principale cause des changements climatiques et non l'activité humaine. Friends of Science a reçu des contributions financières de l'industrie pétrolière.