Phil Jones, le climatologue britannique au centre de la polémique sur une éventuelle manipulation des données sur le réchauffement, a admis lundi devant une commission parlementaire avoir répondu par des courriels «assez infects» aux «climato-sceptiques» qui lui demandaient de publier ses sources.

Le directeur démissionnaire du prestigieux Centre de recherche sur le climat (CRU) de l'Université d'East Anglia a toutefois justifié son refus en arguant qu'il ne s'agissait pas là d'une «pratique habituelle».

«J'ai à l'évidence écrit quelques courriels assez infects», a répondu le scientifique aux députés britanniques, en réponse à une question sur l'un de ses messages envoyés à un «sceptique», dans lequel il refusait de communiquer les données sur les températures dans le monde, disant qu'il en serait fait mauvais usage.

En novembre, des milliers de courriels et documents de chercheurs collaborant avec le CRU, victime d'un piratage informatique ou de fuites, avaient été publiés sur internet. Certains ont répandu le soupçon de manipulation de la part de la communauté scientifique pour étayer la thèse du réchauffement climatique.

L'un des courriels de Phil Jones évoquait une «ruse» pour manipuler les relevés de température afin de «dissimuler une baisse» de celle-ci.

Le climatologue, qui a temporairement renoncé à son poste, le temps de l'enquête, s'exprimait devant une commission parlementaire créée à la suite du scandale, baptisé «climategate» par la presse.

Phil Jones a fait valoir que les données réclamées par les climato-sceptiques étaient disponibles aux États-Unis, et que les revues scientifiques où ses travaux ont été publiés ne lui avaient jamais demandé ses sources.

Le climatologue a encore déclaré que 80% des données utilisées pour mettre sur pied le modèle des températures moyennes mondiales montrant un réchauffement global de la planète ont été rendues publiques.

Le CRU, a-t-il ajouté, a reçu un «déluge» de demandes de données, invoquant la loi sur la liberté d'information.

Pour le climatologue, les conclusions sur le changement climatique sont solides et vérifiables.

L'Université d'East Anglia a lancé de son côté une enquête indépendante.

Le Groupe intergouvernemental d'experts sur le climat (Giec), mandaté par l'ONU, a également promis de faire toute la lumière.