Le plan du gouvernement conservateur concernant la lutte contre les changements climatiques est à des lustres de ce que propose le nouveau président Barack Obama, déplorent les environnementalistes et l'opposition à Ottawa.

À quelques jours de la visite du chef d'État américain, où il sera question de politique environnementale, les conservateurs ont à nouveau été critiqués, hier, pour leur décision de remettre à plus tard le cadre réglementaire visant à contraindre les entreprises à limiter leurs émissions de gaz à effet de serre.

 

Jeudi, le ministre de l'Environnement, Jim Prentice, avait affirmé vouloir attendre le plan vert américain pour harmoniser sa politique avec celle des États-Unis, étant donné la «similitude» entre les «objectifs» et les «principes» des deux pays.

«C'est une farce, a lancé le député libéral Bryon Wilfert, en chambre. Seulement pour participer au système de quotas et d'échanges (cap and trade, promu par Barack Obama), il faudrait que le Canada détruise et rebâtisse son plan en entier.»

Le plan vert d'Ottawa semble en effet bien loin des mesures proposées par le président américain, selon plusieurs environnementalistes. «En 30 jours, l'administration Obama a fait davantage que ce gouvernement en trois ans», soutient Graham Saul, du Réseau action climat Canada.

Une coalition de groupes environnementalistes tiendra justement une conférence de presse sur les politiques en matière de changements climatiques des États-Unis et du Canada, mardi prochain, en prévision de la visite du président américain à Ottawa.

«Lorsqu'on regarde les chiffres du plan de relance du président Obama et les chiffres du plan canadien, tels qu'on les a vus dans le budget récemment, on voit qu'aux États-Unis, on va dépenser cinq fois plus d'argent qu'au Canada (au prorata de la population) pour l'aspect énergie verte», souligne Matthew Bramley, directeur du programme des changements climatiques à l'Institut Pembina. «Je vois avec difficulté ce à quoi M. Prentice fait référence lorsqu'il parle de similarité des approches, ajoute-t-il. Le Canada a énormément de chemin à faire simplement pour rattraper M. Obama sur les changements climatiques.»

Pour le Bloc québécois, retarder la mise en oeuvre d'une réglementation environnementale nuira aux entreprises plutôt que de les aider en cette période de crise. «Plusieurs entreprises manufacturières au Québec attendent une réglementation sur les gaz à effet de serre pour être en mesure de pouvoir s'inscrire aux différentes Bourses d'échange de crédits de carbone, souligne le député bloquiste Pierre Paquette. C'est de l'argent qui entrerait dans l'économie québécoise.»

Le Bloc rejette l'argument avancé par le ministre Prentice selon lequel, en période de crise économique, il serait néfaste pour les entreprises d'imposer un nouveau fardeau financier avec des réglementations environnementales contraignantes.

«Les seules entreprises qui auraient peut-être des coûts à assumer seraient les entreprises extrêmement polluantes, comme celles du secteur des sables bitumineux», estime M. Paquette.

Selon lui, les conservateurs ont tort d'«opposer économie et environnement».