Après 16 années de discussions, un nouveau plan pour régulariser le niveau d'eau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent a été adopté hier. En permettant des variations plus naturelles, il devrait faire le bonheur des poissons, mais donner quelques soucis aux riverains du lac Ontario, surtout du côté américain. Les impacts prévus à Montréal et ailleurs au Québec sont minimes. Explications.

Qu'est-ce qui a été annoncé hier ?

La Commission mixte internationale, organisation canado-américaine, a dévoilé le nouveau plan pour régulariser les niveaux du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. Il entrera en vigueur en janvier prochain. Le plan actuel datait de 1958 et était jugé « désuet ». C'est le barrage Moses-Saunders, situé sur le Saint-Laurent entre Cornwall, au Canada, et Massena, dans l'État de New York, qui régule ces niveaux d'eau.

Pourquoi a-t-il fallu si longtemps pour élaborer ce nouveau plan ?

L'annonce d'hier survient après 16 ans d'études, d'audiences et de négociations parfois ardues.

« Il y avait un grand nombre de variables à étudier et beaucoup d'intérêts divergents à concilier », a expliqué lors d'une téléconférence la présidente de la section américaine de la Commission, Lana Pollack. Elle a aussi évoqué « certains processus gouvernementaux péniblement longs ».

La Commission a dû jongler tant avec les considérations d'ordre écologique et les impératifs de la navigation commerciale qu'avec les désirs des plaisanciers et des riverains. Le plan est appelé Plan 2014, ce qui donne une idée du retard à l'implanter.

Que stipule le Plan 2014 ?

La principale différence est qu'il permettra au niveau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent de varier de façon plus naturelle. Cela a surtout été fait pour restaurer 26 000 hectares de milieux humides (une superficie équivalant à environ la moitié de l'île de Montréal), principalement autour du lac Ontario. « On pourra ainsi permettre le rétablissement de tout un ensemble écologique, qui va de la nidification des oiseaux jusqu'à la reproduction des poissons », explique à La Presse Benoît Bouchard, commissaire à la section canadienne de la Commission mixte internationale.

Y aura-t-il des inconvénients ?

Oui. De plus grandes variations signifient que le niveau du lac Ontario pourrait grimper par moments jusqu'à six centimètres au-dessus de son niveau actuel. La Commission assure que les riverains seront toujours protégés contre les hausses trop brutales, mais convient que l'érosion des berges sera accentuée. Elle calcule que les dommages annuels moyens causés aux rives du lac Ontario passeront de 18 à 20 millions de dollars (ils seraient de 46 millions sans régularisation). « Ce sont surtout les riverains de l'État de New York qui seront touchés par le nouveau plan », affirme le commissaire Benoît Bouchard.

Quels seront les impacts au Québec ?

Ils seront « minimes », selon la Commission, qui parle de conditions « essentiellement inchangées » sur le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent. Le Port de Montréal a confirmé qu'il ne s'attendait pas à être « désavantagé » par le nouveau plan. La production hydroélectrique de la centrale d'Hydro-Québec à Beauharnois pourrait être très légèrement favorisée (la Commission parle d'une hausse de 0,02 %).