Alors qu'elle dépense des millions en publicité pour nous convaincre qu'elle se développe de manière responsable, l'industrie des sables bitumineux plaide en privé son impuissance à réduire sa pollution.

C'est l'un des nombreux aspects explosifs d'une correspondance entre l'Association canadienne des producteurs de pétrole (CAPP) et le gouvernement de l'Alberta, obtenue par Greenpeace en vertu des lois d'accès à l'information.

Les documents diffusés ce matin étayent les arguments utilisés par l'industrie pour combattre la réglementation sur les gaz à effet de serre (GES).

«Est-ce qu'une réglementation plus stricte va provoquer une plus grande baisse des émissions de GES demande la CAPP? Probablement pas. Le défi avec les sables bitumineux c'est que la technologie actuelle n'est pas disponible pour un déploiement à grande échelle.»

L'industrie affirme être à la limite de la rentabilité et craint de voir les capitaux se déplacer ailleurs en Amérique du Nord ou sur la planète.

Keith Stewart de Greenpeace a obtenu le document et l'a partagé avec l'Institut Pembina, qui l'a diffusé ce midi.

L'industrie rejette toute forme de réglementation qui ferait hausser son coût de production d'environ 1 dollar par baril.

«Le coût par baril actuel de la réglementation albertaine est de 10 cents, explique Clare Demers, de l'Institut Pembina. La CAPP suggère une augmentation jusqu'à un maximum de 23 cents. Et rejette la proposition la plus exigeante qui imposerait un coût de 94 cents le baril.»

Le document contient des tableaux très détaillés sur l'impact de différents scénarios de réduction des GES, y compris la réglementation fédérale proposée, qui devait être annoncée en juillet dernier.

L'échange de documents date du mois de mars. On y note tous les arguments qui militeraient selon l'industrie pour un nouveau report de cette annonce.