La garde côtière de la Russie a utilisé, vendredi, l'un de ses bateaux pour remorquer un brise-glace de Greenpeace arraisonné plus tôt cette semaine avec une trentaine d'activistes et de membres d'équipage à son bord, dont deux Canadiens.

Selon les autorités russes, la garde côtière n'a pas eu le choix de recourir à ce procédé parce que le capitaine de l'Arctic Sunrise a refusé de coopérer.

Le navire de l'organisme environnemental se retrouvera vraisemblablement au port de Mourmansk au terme d'un voyage qui devrait prendre de trois à quatre jours.

D'après la coordonnatrice de la campagne Arctique chez Greenpeace, Christy Ferguson, les deux Canadiens sont Paul Ruzycki de Port Colborne, en Ontario, et un Montréalais dont elle n'a pas dévoilé l'identité.

Mme Ferguson a indiqué que le bateau se trouvait en eaux internationales au moment de son arraisonnement par les Russes, qui remonte à jeudi.

Elle a précisé qu'au moins 15 membres de la garde côtière russe avaient eu recours à des hélicoptères et à des cordes pour monter à bord de l'Arctic Sunrise.

Au moment de l'abordage, les occupants du navire protestaient contre les forages menés dans l'Arctique et se trouvaient à proximité d'une plateforme pétrolière de l'entreprise russe Gazprom.

Christy Ferguson a ajouté qu'aucun blessé n'avait été rapporté, et ce, même si les militants faisaient l'objet d'une surveillance armée.

Selon l'agence de presse russe Interfax, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que les activistes avaient posé des gestes de provocation et qu'ils constituaient une menace à la vie humaine et à l'environnement dans la région.

De son côté, le responsable de la campagne Arctique de Greenpeace International, Ben Ayliffe, a assuré dans un communiqué que les militants avaient «été entièrement pacifiques tout au long des événements».

Il a aussi soutenu que «la véritable menace pour les eaux arctiques russes ne vient pas de l'équipage de l'Arctic Sunrise, mais de Gazprom, l'une des sociétés pétrolières les plus irresponsables au monde actuellement».

Liliya Moroz, une représentante du Service fédéral de sécurité de la Russie (FSB, l'une des agences ayant succédé au KGB) dans la région de Mourmansk, a déclaré vendredi à la radio que des accusations de terrorisme pourraient être portées contre les activistes.

En vertu de la loi russe, le terrorisme désigne toute action visant à miner la sécurité, effrayer le public ou influencer les décisions prises par le gouvernement qui, ce faisant, endommage la propriété ou menace la vie d'autrui. S'ils n'étaient pas armés au moment des faits, les accusés risquent jusqu'à 10 ans de prison.

La principale agence gouvernementale d'investigation de la Russie a fait savoir par voie de communiqué qu'elle avait ouvert une enquête afin de déterminer s'il était pertinent de déposer des accusations de piraterie contre les militants de Greenpeace en s'appuyant sur les preuves fournies par le FSB.

Vendredi, Greenpeace n'avait pas encore reçu d'informations officielles par rapport aux accusations qui pourraient être portées dans ce dossier.

Selon l'organisme, les activistes n'ont toujours pas eu droit à du soutien légal ou consulaire.

Des manifestations d'appui devaient avoir lieu, vendredi, à proximité de plusieurs édifices diplomatiques russes à travers le monde, y compris à Montréal et à Toronto.