Montréal mettra bientôt le nez dans les problèmes d'odeur du quartier Saint-Michel. Au sens propre, puisque la Ville compte installer à l'automne des «nez électroniques» pour tenter de limiter les impacts du futur centre de compostage qu'elle compte y aménager.

Les voisins de l'ancienne carrière Miron avaient poussé un soupir de soulagement quand la Ville de Montréal avait annoncé la fin de l'utilisation du Complexe environnemental Saint-Michel comme terrain d'enfouissement. Les groupes communautaires voyaient dans sa future transformation en parc un second souffle pour leur quartier.

L'annonce que la Ville comptait y aménager un centre de traitement des matières organiques a toutefois ravivé les inquiétudes des voisins, longtemps incommodés par les odeurs qui s'échappaient des lieux. Plusieurs citoyens ont dénoncé le projet lors de la consultation publique de l'hiver dernier. Devant les inquiétudes maintes fois répétées, l'Office de consultation publique de Montréal a d'ailleurs recommandé l'adoption de règles très strictes sur les odeurs. Le rapport final recommande également de ceinturer le terrain d'un écran végétal pour réduire les désagréments.

La Ville de Montréal, qui reconnaît les problèmes d'odeurs que le compostage pourrait entraîner, vient de lancer un appel d'offres pour installer quatre «nez électroniques» qui humeront jour et nuit l'air du Complexe. Ce véritable réseau olfactif, en plus de confirmer ce que le nez des voisins dit depuis des années, permettra à la Ville de suivre à la trace le panache d'odeurs qui se dégagera des installations. En effet, la dispersion des odeurs varie selon les conditions météorologiques.

À terme, la Ville pourrait ainsi déterminer à l'avance quels secteurs risquent d'être incommodés en fonction des prévisions météorologiques. Ces données pourraient également permettre de contrôler les niveaux d'odeur, affirme-t-on.

Montréal prévoit accorder le contrat de nez électroniques à la fin du mois de septembre, pour permettre leur installation dès octobre. Ils seront ainsi en place à temps pour suivre à la trace l'odeur dégagée par le compostage des feuilles d'automne, qui a lieu au Complexe depuis 1995.

Montréal justifie l'implantation de ces centres de traitement des matières organiques par l'objectif du gouvernement de valoriser 60% de ce type de déchets d'ici à 2015. Pour l'instant, la vaste majorité des matières organiques aboutissent au terrain d'enfouissement. Le centre de compostage prévu au Complexe environnemental Saint-Michel devrait traiter 29 000 tonnes de matières organiques par année.

La Ville souligne que le projet contribuera également à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 21 000 tonnes par année lorsque le centre fonctionnera à plein régime.