Les dirigeants de la compagnie albertaine Enbridge Inc. ont géré une fuite à l'un des oléoducs au Michigan en 2010 comme des «Keystone Kops», conclut un rapport dévoilé mardi par un organisme américain de réglementation.

Deborah Hersman, présidente du Bureau national de la sécurité des transports aux États-Unis, a indiqué que le personnel d'Enbridge avait posé ses premiers gestes plus de 17 heures après le début du déversement.

Elle a indiqué que cette gestion déficiente lui faisait penser au «Keystone Kops», ces policiers incompétents qu'on voyait dans les films muets du début du 20e siècle.

Selon le rapport, les employés d'Enbridge ont répondu aux alarmes signalant un problème dans un oléoduc du sud du Michigan 17 heures et 19 minutes après le début de la fuite. C'est un travailleur d'une compagnie gazière qui les a informés du déversement.

Plutôt que de stopper le flux de pétrole dans l'oléoduc, le personnel d'Enbridge a pompé à deux reprises plus de pétrole encore dans l'oléoduc perforé, ce qui a contribué pour environ 81 pour cent du déversement total.

Mme Hersman a ajouté que la compagnie de Calgary avait déjà identifié en 2005 la faille structurelle à l'origine de la fuite. Elle a déploré le fait qu'en cinq ans, Enbridge n'avait pas agi pour trouver une solution à la corrosion et à la fissuration qui gagnaient l'oléoduc.

Plus de trois millions de litres de pétrole brut se sont déversés dans des terres humides avoisinantes, dans le ruisseau Talmadge et dans le fleuve Kalamazoo. Le nettoyage du site a coûté plus de 800 millions $, cinq fois plus que le deuxième déversement terrestre le plus coûteux, a rappelé Mme Hersman.

Elle a par ailleurs blâmé aussi la réglementation peu contraignante de l'Administration (américaine) pour la sécurité des oléoducs et des matériaux dangereux.

Mme Hersman a toutefois salué l'initiative de l'Administration de proposer, la semaine dernière, une amende de 3,7 millions $ à imposer à Enbridge, l'un des plus importants exploitants nord-américains d'oléoducs.

Dans un communiqué, le président-directeur général d'Enbridge, Pat Daniel, a souligné que les activités récréatives ont repris sur le fleuve Kalamazoo le mois dernier et que la faune a pu réintégrer les lieux.

«Nous croyons que le personnel expérimenté qui a été impliqué dans les décisions prises au moment du déversement tentait de poser les bons gestes», a-t-il mentionné. «Comme dans la plupart de ces incidents, une série d'événements et de circonstances malencontreuses ont débouché en un résultat que personne ne souhaitait.»

Stephen Wuori, président de la division oléoducs d'Enbridge, a déclaré que l'entreprise avait changé ses façons de faire ainsi que les formations offertes aux employés après avoir mené une enquête interne sur les événements.

«Nous allons étudier soigneusement les conclusions du rapport du Bureau national de la sécurité des transports pour décider si d'autres ajustements doivent être faits», a-t-il soutenu mardi.

Ce rapport donnera certainement des munitions aux détracteurs du projet Northern Gateway que désire développer Enbridge.

La compagnie veut construire un oléoduc de 1170 km pour transporter le pétrole brut des sables bitumineux albertains vers la côte pacifique canadienne. Ce projet de 5,5 milliards $ permettrait ensuite d'acheminer par superpétroliers les hydrocarbures en Asie.