Les opposants aux compteurs d'électricité «intelligents» sur les résidences se sont rapidement fait entendre, lundi, aux audiences publiques sur le controversé projet d'Hydro-Québec devant la Régie de l'énergie.

Une douzaine de manifestants étaient devant l'entrée des bureaux de la Régie de l'énergie, à Montréal, pour exprimer leur opposition au projet des compteurs lisibles à distance grâce à une technologie sans fil. Ainsi, chaque compteur émet des fréquences, qui sont relayées par des routeurs, installés dans les quartiers.

Si des études ont poussé Hydro-Québec à déduire que les compteurs ne posent pas de danger à la santé, certains sont loin d'être convaincus et affirment que les radiofréquences ont des effets sur la santé des humains.

Devant la Régie, Daniel Richard, vice-président du réseau de distribution d'Hydro-Québec, a martelé que le niveau des radiofréquences émises par les compteurs «intelligents» est plus de 100 000 fois inférieur aux seuils établis par Santé Canada. Selon Hydro, les compteurs émettent beaucoup moins de radiofréquences qu'un ordinateur portable avec Internet sans fil, un cellulaire pendant une conversation téléphonique et un micro-ondes en marche.

Alors que M. Richard affirmait que les nouveaux compteurs n'ont «aucun impact sur la santé», un citoyen qui assistait à l'audience s'est levé et a crié que toute sa famille était malade à cause des radiofréquences. Il a rapidement été escorté à l'extérieur de la salle.

Par ailleurs, Hydro-Québec a soutenu lundi que l'impact du projet sur ses employés sera limité puisque 60% de ses quelque 630 releveurs auront pris leur retraite l'an prochain. Les autres se verront offrir des postes ailleurs chez Hydro.

Ces 630 suppressions de postes se traduiront par des économies annuelles récurrentes de 80 millions $, selon la société d'État. D'autres réductions de coûts sont également prévues grâce au projet.

Hydro-Québec a en outre fait valoir que la mise en place des nouveaux compteurs permettra d'améliorer son service. L'entreprise promet que ses clients pourront consulter leur consommation réelle sur Internet et bénéficier d'un rétablissement plus rapide du courant après une panne. Les procédures de déménagement seraient également facilitées.

Hydro a tenu à assurer que les compteurs «intelligents» constituaient une «technologie mature et robuste». Près de 53 millions de ces appareils ont été installés dans le monde depuis 2004, principalement en Europe, et 90 millions de plus doivent l'être au cours des prochaines années.

Parmi les manifestants réunis lundi, on retrouvait surtout des résidants du quartier Villeray à Montréal, où un projet-pilote a été interrompu après l'installation des deux tiers des compteurs prévus lorsque les résidants s'y sont opposés.

Certains ont rapporté avoir connu des problèmes de santé - maux de tête, étourdissements et pertes d'appétit, notamment- surtout dans des immeubles à logements multiples où plusieurs compteurs ont été installés à l'intérieur. Certains d'entre eux affirment que ces problèmes ont cessé lorsque les compteurs ont été enlevés ou isolés.

Un porte-parole de la Coalition québécoise de lutte contre la pollution électromagnétique (CQLPE), a expliqué que l'option de refuser les compteurs proposée par Hydro-Québec était inacceptable, d'une part parce qu'un résidant devra quand même subir les ondes électromagnétiques des compteurs de ses voisins. D'autre part, puisque l'option de retrait vient avec des frais importants, il estime qu'il s'agit d'une option inéquitable pour les démunis.

La Coalition déplore le fait que la société d'État souhaite se tourner vers la technologie sans fil alors qu'il existe plusieurs autres solutions sûres et durables.