Les négociations en vue d'un accord pour protéger les écosystèmes menacés de la planète progressaient jeudi à Nagoya, dans le centre du Japon, avec l'espoir d'éloigner le spectre d'un «Copenhague bis».

Plus de 120 ministres multipliaient les discussions pour aboutir à un compromis sur la question sensible de l'accès aux ressources génétiques des pays en développement, riches d'une grande diversité d'espèces mais qui ne bénéficient pas - ou peu - des retombées économiques qu'elles engendrent.

«Ça se débloque mais il reste très peu de temps», a déclaré jeudi après-midi à l'AFP la secrétaire d'État française à l'Écologie Chantal Jouanno, qui a fait part de son «optimisme» à la veille de l'ultime journée de cette conférence entamée le 18 octobre.

«Nous travaillons dur et nous sommes optimistes sur le résultat», a de son côté affirmé la ministre brésilienne de l'Environnement, Izabella Teixeira

«Il y a une volonté de la part d'une grande majorité de pays d'aboutir à un protocole satisfaisant. Personne ne souhaite que ces négociations se poursuivent pendant des années», résumait en écho Claudio Chiarolla, de l'Institut du développement durable et des relations internationales (Iddri).

Le protocole sur l'Accès et partage des avantages (ABS) vise à faire en sorte que les bénéfices tirés par les  entreprises (pharmacie, cosmétique...) des gènes issus du «réservoir de biodiversité» des pays du Sud (animaux, plantes, microrganismes) soient partagés avec ces derniers.

L'un des points de blocage porte sur le champ d'application de ce protocole dans le temps: doit-il s'appliquer à des médicaments ou produits cosmétiques développés après sa signature, depuis l'entrée en vigueur de la Convention sur la diversité biologique en 1993, ou remonter beaucoup plus loin ?

«Les Africains demandent une reconnaissance du fait que, pendant des décennies, il y a eu une utilisation de leurs ressources génétiques telles que les plantes aux vertus médicinales sans le moindre partage des bénéfices», explique Laurent Somé, de WWF Afrique. «Mais ils sont ouverts aux négociations et prêts à un compromis», assure-t-il.

La Namibie a proposé la création d'un fonds multilatéral qui serait alimenté par les contributions des entreprises en application du protocole ABS et qui permettrait de mener des actions de protection de la nature dans les pays les plus défavorisés.

Concernant par ailleurs la fixation d'objectifs mondiaux à l'horizon 2020, la question de l'extension des aires protégées (actuellement 13% de la surface de la terre et un peu moins de 1% de la surface des océans) faisait toujours l'objet d'intenses négociations.

Surexploitation des ressources, pollution, modification des habitats et changement climatique: le taux d'extinction des espèces animales et végétales est désormais «jusqu'à 1000 fois plus élevé» que le taux historique connu jusqu'à ce jour, selon l'ONU.

À 24 heures de la fin de cette rencontre, le spectre d'un échec restait présent parmi les participants. Comme le racontait l'un d'entre eux, amusé, les délégués redoutent que cette COP10 (10e conférence des parties de la Convention sur la diversité biologique) ne se transforme en «Coptenhagen», en référence à la prononciation anglaise «copten» pour COP10 et «Copenhagen» nom en anglais de la capitale danoise.

«Nous avons connu trop d'échecs et trop de désillusions pour nous résigner à ce que ce sommet engendre une amertume supplémentaire», a lancé à la tribune le prince Albert II de Monaco, l'un des rares chefs d'État à avoir fait le déplacement à Nagoya.