La Commission européenne va présenter dans les prochaines semaines une nouvelle demande d'autorisation de culture pour deux maïs OGM, malgré les critiques suscitées par son feu vert à une pomme de terre de BASF, et les imposera si nécessaire.

La Commission européenne va présenter dans les prochaines semaines une nouvelle demande d'autorisation de culture pour deux maïs OGM, malgré les critiques suscitées par son feu vert à une pomme de terre de BASF, et les imposera si nécessaire.

Débarrassé de toute opposition interne grâce au départ récent de l'ancien commissaire à l'Environnement, le Grec Stavros Dimas, qui était opposé aux produits génétiquement modifiés, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso est décidé à aller de l'avant, selon des sources concordantes.

«Sur les OGM, c'est Barroso qui donne la ligne et il n'est pas question de s'y opposer», a confessé un commissaire après l'accord unanime donné cette semaine à la mise en culture d'Amflora, la pomme de terre transgénique mise au point par le groupe allemand BASF.

Officiellement responsable du dossier, le commissaire chargé de la Santé et des consommateurs, le Maltais John Dalli, se prépare à traiter de prochaines demandes d'autorisation de culture pour les maïs BT 11 du groupe suisse Syngenta et BT 1507 du groupe américain Pionner, deux rivaux du MON 810 de l'américain Monsanto.

Seul OGM dont la culture était jusqu'ici autorisée dans l'UE depuis 1998, le MON 810 attend le renouvellement de cette autorisation après avoir obtenu un avis favorable de l'Agence européenne pour la sécurité des aliments (EFSA).

«Cela ne se fera pas dans l'immédiat», a indiqué à l'AFP le porte-parole de M. Dalli.

Sept pays dont la France et l'Allemagne ont interdit sa culture en raison des risques de contamination des cultures traditionnelles et biologiques dans la zone de culture.

La Commission va d'abord s'occuper de ses deux concurrents. Elle doit «décider du moment approprié pour soumettre ces autorisations aux ministres», précise une note des services de M. Dalli. Les prochaines réunions des ministres européens de l'Agriculture sont prévues les 29 mars et 19 avril.

Les experts européens doivent pour leur part se prononcer le 9 mars sur la commercialisation de plusieurs hybrides de maïs OGM.

Ils seront en outre appelés lors d'une prochaine réunion à se prononcer sur l'autorisation de culture d'un autre maïs transgénique, le NK 603 de Monsanto.

L'empressement de la Commission surprend les défenseurs de l'environnement. «Nous devons procéder avec célérité pour toute une série de dossiers pour lesquels tout retard dans la décision ne serait pas justifié», soutient M. Dalli.

EuropaBio, le lobby des industriels du secteur, s'est félicité de cette approche et a rappelé que «17 produits attendent une autorisation de culture».

La Commission s'appuie sur revirement de la position de l'Allemagne, désormais beaucoup plus favorable aux OGM depuis l'arrivée dans la coalition gouvernementale des Libéraux, selon un fonctionnaire européen.

Les dirigeants de BASF étaient ulcérés par l'opposition aux OGM de Stravros Dimas, au point de monter des campagnes de presse contre lui, a raconté jeudi à l'AFP l'un de ses proches.

Les autres gouvernements européens sont hésitants sur la culture des OGM. Seules l'Italie, l'Autriche et la Belgique ont clairement dit mardi leur opposition à la mise en culture de l'Amflora.

«Les dernières réunions ont montré que de plus en plus de pays sont favorables aux OGM», assure la Commission.

«Barroso a désormais décidé de mettre les États devant leurs contradictions», explique un fonctionnaire européen.

Les pays de l'UE ont la possibilité d'interdire la culture des OGM sur leur territoire, même en cas de feu vert de Bruxelles. Mais cette «clause de sauvegarde» doit être «motivée» et obtenir un «avis favorable» de l'EFSA. Dans le cas contraire, la Commission doit obligatoirement demander leur levée.