(Québec) L’ex-ministre caquiste Marie-Eve Proulx a annoncé lundi qu’elle retirait sa candidature dans Côte-du-Sud, à quelques jours du déclenchement des élections. La députée a fait l’objet au cours des dernières semaines d’une nouvelle plainte de harcèlement psychologique.

« J’ai pris la décision que je ne serai pas candidate. D’abord, je le fais parce que je ne veux pas être une distraction pour le parti que je respecte, la CAQ », a lancé Mme Proulx en conférence de presse lundi en après-midi.

Le premier ministre François Legault lui avait réitéré sa pleine confiance il y a moins de deux semaines, après de nouvelles révélations.

Mme Proulx affirme qu’elle n’a subi aucune pression du cabinet du premier ministre pour se retirer de la vie politique et qu’elle a pris cette décision dans les derniers jours pour se « protéger ».

Selon nos informations, une plaignante aurait récemment menacé le parti de déposer un recours au civil. Au cours des derniers mois, des maires auraient également contacté le cabinet du premier ministre pour se plaindre des relations avec Marie-Eve Proulx.

Au début du mois d’août, Le Journal de Montréal a révélé que l’ex-ministre du Développement économique régional faisait l’objet d’une nouvelle plainte de harcèlement psychologique pour des évènements qui seraient survenus après sa rétrogradation en 2021. La plaignante Laetitia Canova, ex-attachée politique de la députée, s’est adressée au Tribunal administratif du travail (TAT). Elle aurait été congédiée le 26 juillet 2021. Elle aurait également formulé une plainte en lien avec son congédiement.

« D’abord, le harcèlement psychologique, c’est tolérance zéro. Soyons clairs. Quand je parle avec Marie-Eve Proulx, elle me dit que cette personne n’a pas raison d’avoir porté plainte. Le dossier est devant le tribunal, c’est la parole de l’un contre [celle de] l’autre », avait alors répondu François Legault en marge d’une annonce de candidature. Il avait réitéré sa confiance envers sa députée.

« Moi, je fais confiance à Marie-Eve Proulx qu’il n’y a pas eu de problème avec cette personne-là. Maintenant, on va attendre la décision du tribunal. » M. Legault a par ailleurs révélé que la plaignante aurait aussi porté plainte à l’Assemblée nationale « et [que] sa plainte n’avait pas été retenue ».

Proulx clame son innocence

Mme Proulx quitte la vie politique, mais continue de clamer son innocence. Elle affirme que les allégations à son endroit s’apparentent à de la « diffamation et [à un] règlement de comptes », et elle associe des plaignants au Parti conservateur du Québec d’Éric Duhaime. Elle affirme que l’Assemblée nationale s’est penchée à deux reprises sur des plaintes à son endroit et qu’elle n’a pas reçu de blâme.

Mme Proulx avait perdu ses fonctions de ministre l’an dernier à la suite d’autres allégations de harcèlement psychologique. Un ex-employé du bureau de circonscription de la députée avait déposé deux plaintes contre elle au TAT. La ministre n’avait pas eu à comparaître : une entente était intervenue entre les parties.

En conférence de presse, Mme Proulx a affirmé que cette entente ne signifiait pas qu’elle reconnaissait qu’un geste déplacé avait été fait, mais plutôt qu’elle voulait « continuer d’avancer pour le Québec ».

« J’ai entrepris des démarches personnelles avec un psy, un coach en gestion, je me suis beaucoup remise en question […]. Il m’est peut-être arrivé d’être malhabile en début de mandat, mais aujourd’hui je tiens à dire que si j’ai blessé quelqu’un, qui que ce soit, je suis désolée et c’était complètement involontaire », a-t-elle dit. Elle a ajouté que « le bien-être de l’équipe est une valeur importante à [s]es yeux ».

Au moins une dizaine de personnes de son cabinet sont parties ou ont été congédiées depuis le début de son mandat. La nouvelle plainte concernerait des faits survenus après sa démission comme ministre, alors que François Legault s’était engagé à « suivre de près la situation ».

Avec la collaboration de Denis Lessard, La Presse