Le passé récent de trafiquant de drogues Jeffrey Sagor-Metellus est revenu le hanter ce matin à l'enquête sur la mort de Fredy Villanueva, alors que les avocats des policiers ont voulu lui faire dénoncer son fournisseur de drogues.

L'avocat de l'agent Jean-Loup Lapointe, Me Pierre Dupras, tente ainsi de faire la preuve que Sagor-Metellus est un membre du gang de rue des Rouges. Son client, le policier qui a tué Fredy Villanueva, a témoigné plus tôt à l'enquête avoir reconnu Sagor-Metellus, un «membre des Bloods» parmi le groupe qui jouait aux dés le 9 août 2008.

De son côté, Sagor-Metellus, qui a repris son témoignage ce matin, nie être membre d'un gang. Il va même plus loin: «Moi, je ne connais aucun gang de rue», a-t-il dit. Il reconnaît toutefois avoir vendu de la marijuana pendant plusieurs années jusqu'à l'événement tragique survenu en 2008 où il a lui-même été atteint d'une balle dans le dos.

Contrairement à Dany Villanueva qui avait répondu avec patience et politesse aux questions des avocats pendant plusieurs jours à l'enquête du coroner André Perreault, Jeffrey Sagor-Metellus a plutôt une attitude nonchalante frôlant l'arrogance.

«Depuis combien de temps vendez-vous de la drogue?», lui a demandé Me Dupras. «Quelques semaines, quelques mois, quelques années. Aucune idée», a d'abord répondu le jeune témoin qui a plusieurs trous de mémoire depuis le début de son témoignage. Le jeune homme finira par préciser qu'il a commencé à en vendre à l'école Henri-Bourassa - école qu'il a fréquentée de la première à la troisième secondaire.

La question sur l'identité de son fournisseur a soulevé une multitude d'objections des avocats qui défendent la famille Villanueva et les jeunes témoins du drame. L'avocat de Sagor-Metellus, Me Alain Arsenault, s'est opposé au dévoilement du nom de fournisseur par crainte de représailles. «On met en danger un témoin victime d'une balle dans le dos. Il est de commune renommée que ce type de transaction doit être confidentielle», a plaidé l'avocat.

«Qu'il ait acheté ses stupéfiants du diable en personne, quel est le rapport avec les causes et les circonstances du décès de Fredy Villanueva?», a demandé à son tour, Me Peter Georges-Louis, avocat de la famille Villanueva. Ce dernier soupçonne les avocats des policiers de vouloir «colorer» la réputation du jeune témoin du drame.

La réplique n'a pas tardé à être donnée. «Si le diable est rouge, oui, ça a de l'importance», a dit Me Dupras, l'avocat de l'agent Lapointe. Le coroner Perreault a tranché la poire en deux. Il a permis à Me Dupras de poser la question au témoin, mais a émis une ordonnance de non-publication sur l'identité du fournisseur. C'est alors que Me Arseneault a exigé une pause pour consulter son client, laissant entendre qu'il pouvait exercer un recours devant un tribunal supérieur sur cette question. L'audience reprendra sur cette question cet après-midi.