La consommation quotidienne d’au moins une demi-cuillère à soupe d’huile d’olive est associée à une réduction de 28 % du risque de mortalité liée au trouble neurocognitif majeur, constate une nouvelle étude publiée par une chercheuse québécoise qui termine ses études postdoctorales à l’Université Harvard.

Cette réduction a été mesurée comparativement à une consommation rare ou nulle d’huile d’olive. De plus, cette observation était indépendante de la qualité de l’alimentation des participants et de leur niveau d’adhésion à la diète méditerranéenne, a expliqué Anne-Julie Tessier.

« Je trouve que c’est un résultat marquant de cette étude, a dit Mme Tessier. En général, les personnes qui utilisent de l’huile d’olive pour la cuisson ou comme assaisonnement ont une alimentation de plus haute qualité. Mais on a trouvé que l’association était présente indépendamment de ce facteur. »

« Un apport plus élevé en huile d’olive était associé à un risque plus faible de décès liés à la démence, peu importe le niveau de qualité de l’alimentation ou peu importe le niveau d’adhésion à une diète méditerranéenne. »

Par contre, ajoute-t-elle, il est « intéressant et important » de mentionner que le plus faible risque a été observé « chez les personnes qui avaient le combo, soit un apport en huile d’olive et un niveau de la qualité de l’alimentation plus élevé ».

Mme Tessier et ses collègues ont analysé entre mai 2022 et juillet 2023 des données provenant de quelque 92 300 participants (dont les deux tiers étaient des femmes) à la Nurses’Health Study et à la Health Professionals Follow-Up Study. Les deux études ont été menées entre 1990 et 2018.

Les participants à ces deux gigantesques études ont rempli tous les quatre ans un questionnaire sur leur alimentation. Leur consommation d’huile d’olive a été répartie entre quatre catégories : jamais ou moins d’une fois par mois ; plus de zéro, mais moins de 4,5 grammes par jour ; entre 4,5 et 7 grammes par jour ; et plus de 7 grammes (soit une demi-cuillère à soupe) par jour.

Un peu plus de 4750 cas de mortalité liée à la démence ont été recensés pendant le suivi de 28 ans. Une consommation d’au moins sept grammes d’huile d’olive par jour a été associée à une réduction de 28 % de ce risque de mortalité, en comparaison avec une consommation nulle ou rare, même en tenant compte de facteurs associés au mode de vie ou au statut socioéconomique.

D’autres analyses ont associé le remplacement de cinq grammes de margarine ou de mayonnaise par une quantité équivalente d’huile d’olive à une réduction de 8 % à 14 % du risque de mortalité liée à la démence. Aucun bienfait n’a été constaté si l’huile d’olive remplaçait du beurre ou d’autres huiles végétales.

« Cette association est restée significative après ajustement des scores de qualité du régime alimentaire, y compris l’adhésion au régime méditerranéen, écrivent les auteurs de l’étude. Ces résultats apportent des preuves à l’appui des recommandations diététiques préconisant l’utilisation de l’huile d’olive et d’autres huiles végétales comme stratégie potentielle de maintien de la santé globale et de prévention de la démence. »

Il est possible que la consommation d’huile d’olive réduise la mortalité due à la démence en améliorant la santé vasculaire, explique l’étude, puisque « plusieurs essais cliniques confirment l’effet de l’huile d’olive sur la réduction des maladies cardiovasculaires en améliorant la fonction endothéliale, la coagulation, le métabolisme des lipides, le stress oxydatif, l’agrégation plaquettaire et en diminuant l’inflammation ».

« Certains composés antioxydants présents dans l’huile d’olive, particulièrement dans l’huile d’olive extravierge qui est plus élevée en polyphénols […] peuvent franchir la barrière hématoencéphalique et il pourrait y avoir un effet direct de cette manière sur le cerveau, ça c’est une hypothèse », a ajouté Mme Tessier.

Il est important de noter que l’étude montre une association entre l’huile d’olive et la réduction du risque de décès, et non un lien de causalité.

Il faut aussi noter que les sujets appartenant au groupe ayant la plus forte consommation d’huile d’olive avaient également une meilleure qualité d’alimentation, une plus grande consommation d’alcool, étaient plus actifs physiquement et moins susceptibles de fumer ― tous des facteurs qui peuvent avoir un impact sur le déclin cognitif ou la démence.

D’autres études seront maintenant nécessaires pour mieux comprendre l’effet protecteur de l’huile d’olive. Mais comme les troubles liés à la démence peuvent s’installer plusieurs années avant l’apparition des premiers symptômes, il n’y a rien de mal à prendre quelques précautions, a dit Mme Tessier.

« C’est certain qu’il n’y a pas de superaliment, a-t-elle dit. L’huile d’olive ne devrait pas être considérée comme une solution unique pour prévenir la démence. Mais je crois que le Guide alimentaire canadien recommande l’utilisation de bons gras comme l’huile d’olive, et je crois que ces résultats viennent soutenir ces recommandations déjà établies. »

Les conclusions de cette étude ont été publiées par le journal médical JAMA Network Open.