Les mises en garde alarmistes qui circulent contre le vaccin de la grippe A (H1N1), à l'approche d'une campagne de vaccination massive, préoccupent la santé publique du Québec au plus haut point.

«Chacun peut dire n'importe quoi, ce qui n'est pas nécessairement basé sur des données scientifiques. La meilleure façon de bloquer des dossiers est de créer le doute, de semer l'incertitude et d'utiliser la règle "on ne sait pas à 100%"», a reconnu le ministre de la Santé, Yves Bolduc, en entrevue avec La Presse.

Mais voilà, Québec ne dispose pas de beaucoup de pouvoir pour contrer cette campagne négative. Chacun a droit à la liberté d'opinion. La santé publique mise donc sur un élément : mieux informer la population.

«La seule arme contre ça est la communication et l'information», ajoute M. Bolduc, en précisant que le Ministère devra redoubler d'efforts en ce sens.

«On veut que notre population soit protégée. On va lui fournir les moyens de l'être, on va essayer de lui donner la meilleure information possible. Ce qui n'empêche pas que des gens vont déformer le propos et créer le doute.»

Vaccination : mi-novembre

La campagne de vaccination massive doit se mettre en branle à la mi-novembre dans tout le Canada. Les travailleurs de la santé, les femmes enceintes, les jeunes enfants et les malades chroniques figurent parmi les groupes à risque qui devraient être vaccinés en premier, selon les responsables de la santé publique.

Mais des sondages menés tant au Canada qu'ailleurs dans le monde révèlent beaucoup de scepticisme face aux dangers réels de la grippe A (H1N1). Au point où plusieurs ne comptent pas se faire vacciner.

C'est souvent le cas lors de campagnes de vaccination massives, souligne le ministre Bolduc. Au début des années 90, quand Québec a entrepris de vacciner quelque 1,5 million de jeunes âgés de 6 mois à 20 ans contre la méningite, les vaccins n'avaient pas la cote. Jusqu'à ce qu'il y ait des morts. À ce moment, «tout le monde a voulu avoir le vaccin, sauf des groupes qui disaient que ça allait faire mourir les enfants», rappelle le ministre.

Deuxième vague à venir?

Pour l'instant, le virus ne semble pas avoir repris beaucoup de vigueur au Québec. En revanche, on a signalé des cas en Colombie-Britannique, si bien que la santé publique s'attend à une deuxième vague dans les semaines à venir.

À ce moment, le plan d'action mis en place par Québec sera prêt, assure le ministre.

«Ce n'est pas du jour au lendemain que la grippe apparaît. Ça se fait en quelques jours, alors on va le voir. Et tous nos plans sont prêts. On peut ouvrir 3000 lits supplémentaires en 24 ou 48 heures», assure M. Bolduc.

Si les hôpitaux sont trop engorgés, on recourra à des centres de soins non traditionnels. Les cas jugés moins urgents, par exemple un patient qui fait vérifier sa tension artérielle chaque semaine, pourraient être repoussés afin de concentrer le personnel soignant dans les urgences, ajoute le ministre.

«Dans le système de santé, la majorité des soins sont électifs et, lorsqu'arrive une grosse urgence, on met la priorité là-dessus.»

La santé publique a cessé depuis plusieurs semaines déjà de faire des tests auprès des malades pour vérifier s'il s'agit bel et bien du virus A (H1N1). Cela n'était plus nécessaire lorsqu'il a été confirmé que l'épidémie avait vraiment gagné le Québec au printemps dernier.

Ces tests pourront être repris dès que l'on soupçonnera une deuxième vague, afin de déterminer que c'est bien le cas.