Oubliez les Rocheuses, les grands espaces, la tour du CN ou même le quartier chinois de Vancouver. Pour les Chinois, le Canada est d'abord et avant tout le pays de Norman Bethune.

Le Dr Bethune a pratiqué la médecine à Montréal avant de s'exiler durant les années 30 en Chine, où il a sauvé de nombreuses vies durant la guerre contre le Japon. Il a obtenu sa consécration dans la culture populaire chinoise quand le chef d'État Mao Zedong a écrit un essai sur sa vie. Encore aujourd'hui, Norman Bethune est l'un des personnages historiques étrangers les plus connus dans l'empire du Milieu.

 

«Une fois, je visitais un marché de poissons et l'employé, qui ne parlait pas un mot d'anglais, m'a mentionné le nom du Dr Bethune quand il a vu mon drapeau canadien», dit Michele McKenzie, PDG de la Commission canadienne du tourisme.

L'industrie touristique canadienne compte justement se servir de la notoriété du Dr Bethune en Chine afin d'attirer davantage de touristes chinois. Malgré toutes les tracasseries administratives, 158 800 touristes chinois ont visité le pays de Normand Bethune en 2008. «Pour bien des Chinois, le pays de Norman Bethune est un lieu de pèlerinage», dit Loïc Tassé, politologue spécialiste de la Chine qui enseigne à l'Université de Montréal.

Le Canada estime que son nouveau statut de destination touristique autorisée permettra de hausser de 50% le nombre de touristes en provenance de l'empire du Milieu d'ici cinq ans - une injection de 100 millions de dollars par année dans l'industrie touristique canadienne. Selon l'Organisation mondiale du tourisme, la Chine passerait de 46 à 100 millions de touristes d'ici 2015. «Cent millions de touristes, c'est énorme. Pour l'instant, nous avons quelques voyages par année qui partent de Hong-Kong. On évalue la situation et on reste attentif», dit Jacques Bouchard, porte-parole de Transat, propriétaire du voyagiste Jonview.

L'industrie canadienne devra toutefois être prête à rivaliser avec... les entreprises chinoises de tourisme. «C'est un bel exemple des défis que présente la Chine, dit Loïc Tassé. Les Chinois offrent des opportunités fantastiques, mais ce sont aussi des concurrents redoutables.»

Peu importe qui s'occupera d'eux, la grande patronne du tourisme canadien est convaincue que les touristes chinois adopteront vite le Canada. «Pour les Chinois, le Canada est une destination touristique recherchée à cause de sa sécurité, sa propreté, l'accueil de ses gens et la beauté de ses paysages», dit Michele McKenzie, PDG de la Commission canadienne du tourisme.

Vancouver accueillera la majorité des nouveaux touristes chinois. La métropole de la Colombie-Britannique sert déjà de porte d'entrée pour 90 000 des 158 000 touristes chinois au Canada, alors que seulement 25 000 touristes chinois visitent Montréal. «Ça reste un petit nombre de touristes, mais c'était à peu près zéro il y a 10 ans, dit Pierre Bellerose, vice-président des relations publiques de Tourisme Montréal. On sent qu'il y a du potentiel, mais nous ne voulons pas nous comparer à Vancouver.»

L'an prochain, Tourisme Montréal profitera de l'Exposition universelle de Shanghai - sa ville jumelle depuis 1985 - afin de convaincre les Chinois de ses vertus touristiques. «On part de loin, mais les Chinois ont quand même une petite idée de Montréal à cause de Norman Bethune», dit Pierre Bellerose.

Montréal devra toutefois adapter son circuit touristique. Bien sûr, le Jardin botanique, le mont Royal et le Stade olympique resteront des incontournables. Pour les touristes chinois, un parc au coin des rues Peel et Sainte-Catherine, au centre-ville s'ajoutera. Le parc Normand-Bethune. «Les rénovations sont presque terminées et on devrait l'inaugurer bientôt», dit Pierre Bellerose. Une inauguration qui tombe à point.