Le légendaire Kirk Douglas, un géant de l'âge d'or hollywoodien qui a marqué l'histoire du cinéma avec ses rôles notamment dans Spartacus et Les sentiers de la gloire, doit fêter vendredi ses 100 ans en grande pompe.

Celui qui fut nommé trois fois aux Oscars avant de recevoir finalement une statuette d'honneur pour l'ensemble de sa filmographie a prévu de célébrer son centenaire lors d'une fête en Californie organisée par son fils Michael Douglas et l'épouse de celui-ci Catherine Zeta-Jones, tous deux également de grands noms de Hollywood.

Quelque 200 amis et membres de sa famille sont attendus.

Forcé de prendre sa retraite des plateaux à cause de problèmes d'élocution à la suite d'une attaque cérébrale en 1996, Kirk Douglas s'est entraîné avec un thérapeute pour pouvoir prononcer une brève allocution le jour J.

«On me demande toujours des conseils sur comment vivre une vie longue et saine. Je n'en ai aucun. En revanche, je pense que nous avons tous une raison d'être là», déclare-t-il dans un essai publié dans le magazine sur les célébrités Closer Weekly à l'occasion de son anniversaire.

«J'ai été épargné dans un accident d'hélicoptère et après une attaque cérébrale pour pouvoir faire davantage de bonnes choses dans ce monde avant de le quitter», ajoute-t-il.

Il attribue aussi une grande part de sa longévité à son grand amour, sa seconde épouse Anne, âgée de 97 ans.

«J'ai eu la chance de rencontrer la femme de ma vie il y a 63 ans, et je pense que notre merveilleux mariage et nos discussions nocturnes m'ont aidé à survivre à toutes sortes de choses», poursuit l'ancien acteur à la célèbre fossette au menton.

Kirk Douglas, fils d'immigrés russes analphabètes, a incarné certains des personnages les plus mythiques de l'histoire du septième art, du peintre Vincent van Gogh au roi des westerns Doc Holliday.

Son nom figure au générique de 80 films, dont 20 000 lieues sous les mers, Paris brûle-t-il?, Règlement de comptes à O.K. Corral, La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956) ou Sept jours en mai (1964).

Né Issur Danielovitch dans une famille pauvre de New York, de parents juifs, il a fait ses classes à l'Académie d'art dramatique de la ville.

Le champion (1949) lui a valu la première de ses trois nominations comme meilleur acteur aux Oscars, un prix qui lui a toujours échappé mais que son fils Michael a décroché pour Wall Street (1987).

Michael, 72 ans, et son frère Joel, 69 ans, sont nés du premier mariage de l'acteur avec la comédienne Diana Webster, dont il a divorcé en 1951.

Un volcan en éruption

Trois ans plus tard, il épouse la Belgo-Américaine Anne Buydens, qui avait confié à son sujet: «Vivre avec mon mari, c'est comme être dans un beau jardin près d'un volcan qui peut entrer en éruption à tout moment».

Ils ont eu deux fils, Eric et Peter.

Michael Douglas dit de son père dans Closer Weekly que «son dynamisme et sa ténacité le distinguent», ajoutant: «Il m'a appris à toujours donner le meilleur de moi-même».

La famille Douglas a plus d'une fois été touchée par le drame.

Eric, lui aussi acteur, est mort en 2004 à 46 ans, d'une association mortelle d'alcool et de médicaments, après des années d'addiction.

Kirk avait été profondément bouleversé par une collision aérienne entre un hélicoptère à bord duquel il se trouvait et un avion en Californie en 1991, un accident qui avait fait deux morts et l'a amené à renouer avec sa judéité.

En 1996, il a été victime d'une attaque cérébrale qui l'a privé de la parole, partiellement retrouvée après des mois de thérapie.

Avec sa femme, ils se sont tournés de plus en plus vers la philanthropie et ont déclaré vouloir léguer la majeure partie de leur fortune à des organisations caritatives après leur mort.

Le couple a notamment financé la rénovation de 400 cours d'écoles à Los Angeles et la construction d'une unité de soins pour malades d'Alzheimer dans une maison de retraite pour anciens comédiens.

«On ne pouvait pas demander plus à Kirk que ce qu'il vous donnait», a commenté l'actrice Angie Dickinson, 85 ans, qui a tourné une scène de nu avec lui dans L'ombre d'un géant (1966).

«C'est l'homme parfait. Tout ce qu'il fait est parfait», a renchéri la lauréate de deux Golden Globes et amie de toujours, interrogée par l'AFP.

Cinq chefs-d'oeuvre avec Kirk Douglas

Du gladiateur Spartacus au génie torturé de Vincent van Gogh, Kirk Douglas, qui fête ses 100 ans vendredi, a joué dans plusieurs films qui ont contribué à bâtir la légende du cinéma.L'acteur mythique a obtenu trois nominations aux Oscars. Mais il n'a reçu la statuette qu'en 1996 pour l'ensemble d'une carrière, qui court sur six décennies. Voici cinq films où il a tenu certains de ses rôles les plus mémorables.

> Le champion (1949)

Douglas a décroché sa première nomination comme meilleur acteur aux Oscars pour son incarnation de Midge Kelly, un boxeur séducteur qui lutte avec ses démons tout en se hissant au sommet de son sport. Tourné en 23 jours pour 600 000 dollars, le film fut une poule aux oeufs d'or pour son réalisateur Mark Robson, qui a réutilisé une version remontée des séances d'entraînement de Kirk Douglas près de vingt ans plus tard pour La vallée des poupées.

> Les ensorcelés (1952)

Face à la légendaire femme fatale Lana Turner, Les ensorcelés, de Vincente Minnelli, met en scène l'acteur à la célèbre fossette dans le rôle d'un producteur de films ambitieux et sans pitié, Jonathan Shields, qui utilise ses amis et collègues pour faire avancer sa carrière. Kirk Douglas manqua à nouveau la statuette dorée après une deuxième nomination aux Oscars, mais son autre partenaire féminine à l'écran Gloria Grahame a signé le record de la plus courte performance pour remporter l'Oscar du meilleur second rôle, avec seulement 9 minutes et 32 secondes à l'écran.

20 000 lieues sous les mers (1954)

Adapté du chef-d'oeuvre de Jules Verne, le premier film de science-fiction tourné en Cinemascope a vu Kirk Douglas entrer dans la peau du chasseur de baleines Ned Land face à James Mason en capitaine Nemo. Dans son autobiographie, Douglas se remémore comment, pour entretenir sa réputation d'homme à femmes, il a demandé à Disney d'ajouter une scène où il se promène avec une jolie femme à chaque bras avant de se lancer dans une bagarre avec un marin.

> La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956)

La troisième nomination de Kirk Douglas aux Oscars est venue d'un autre film de Vincente Minnelli, une biographie du peintre Vincent van Gogh, personnalité très tourmentée qui sombre dans la maladie mentale et connaît une série de relations malheureuses. Selon la légende, l'un des fils de Kirk, l'acteur Michael Douglas, alors enfant, aurait couru en hurlant dans une salle de cinéma en voyant la scène où Van Gogh se coupe une oreille, pensant que son père s'était réellement mutilé. Le critique de films Emmanuel Levy décrit ce film comme «l'un des meilleurs de Minnelli, un portrait éblouissant de Van Gogh, splendidement interprété».

> Spartacus (1960)

Probablement le rôle de Kirk Douglas le plus connu, ce portrait d'un esclave rebelle devenu gladiateur a consacré sa légende dans l'histoire du septième art. À l'époque film aux plus grosses recettes qu'ait produit le studio Universal, l'épopée titanesque réalisée par Stanley Kubrick a aussi contribué à porter un coup fatal à la liste noire des «Dix d'Hollywood», ces réalisateurs ou scénaristes soupçonnés d'être communistes. Kirk Douglas, également producteur du film, avait confié l'écriture du scénario à Dalton Trumbo, qui figurait sur la liste noire, et avait convaincu le président élu démocrate John F. Kennedy d'assister à une projection du film.