Fais-moi mal Johnny: la célèbre chanson de Boris Vian a perdu son interprète, la comédienne française Magali Noël, morte à 83 ans, également connue pour avoir été l'une des égéries de Fellini qui l'avait choisie pour trois de ses films, dont Amarcord.

«Elle allait avoir 84 ans samedi, elle s'est éteinte dans son sommeil ce matin à 5h00», à Chateauneuf-Grasse, dans le sud-est de la France, a annoncé sa fille Stéphanie Vial-Noël à l'AFP.

Née le 27 juin 1931 à Izmir, en Turquie, Magali Noël a fait deux rencontres majeures dans sa vie: l'écrivain Boris Vian et le réalisateur italien Federico Fellini, qui en fit le symbole sensuel de ses fantasmes.

Le cinéaste l'a fait jouer dans trois de ses chefs-d'oeuvre : La Dolce Vita (1960), Satyricon (1969) et Amarcord (1973), où elle campait Gradisca, femme fatale au manteau rouge.

«À cette époque, «il y avait quatre stars: Girardot, Bardot, Moreau et maman», a déclaré sa fille. «C'était un sex-symbol»; «on la confondait souvent avec Sofia Loren».

Magali Noël, de son vrai nom Magali-Noëlle Guiffray, restera dans les mémoires pour son interprétation de la chanson, osée pour l'époque, Fais-moi mal Johnny écrite par Boris Vian où elle déclarait aimer «l'amour qui fait boum!».

La chanson fut à l'époque dénoncée par le Vatican et interdite à la radio en raison de paroles jugées scandaleuses.

«Il fallait l'espièglerie de Magali Noël pour la chanter», a déclaré à l'AFP le pianiste Hervé Sellin, qui l'a accompagnée pendant une trentaine d'années.

Vian l'avait connue sur le tournage du Rififi chez les hommes, de Jules Dassin (1955), un de ses premiers films. «Votre voix m'intéresse, lui a-t-il dit», a raconté sa fille à l'AFP. «Ma mère a été la première chanteuse de rock français. Vian pastichait beaucoup les Américains. Il l'emmenait dans les clubs de Saint-Germain-des-Prés. C'était un peu son grand frère, il la trouvait rigolote. Leur amitié a duré des années».

Avant de tourner avec Federico Fellini, elle joue dans de nombreux films de réalisateurs français, dont René Clair et Jean Renoir.

«C'était un peu la muse, l'égérie de Federico. Ils étaient très proches. C'était une belle relation, platonique ou pas au départ, je ne sais pas», a expliqué sa fille. Étaient-ils amants ? «Maman ne m'en a jamais parlé».

Outre sa fille, née de son union avec le comédien Jean-Pierre Bernard, elle s'était remariée et avait adopté deux garçons.

Elle s'est éteinte dans la maison de retraite où elle résidait dans le sud de la France.