Sylvain Raymond veut ouvrir une salle de cinéma «pas comme les autres» sur le boulevard Saint-Laurent, au coeur de la Petite-Italie, possiblement dans l'édifice de la Casa Napoli. Et c'est du sérieux. «Une salle de cinéma multidisciplinaire de 100 places sans rangées», annexée à un bistro, s'enthousiasme-t-il. «Je vise 2016.»

«Je veux ramener le plaisir d'aller au cinéma», lance le trentenaire montréalais. Aller chercher les gens qui fréquentent le Cinéma du Parc, par exemple, et qui tentent de se convaincre que «c'est le fun d'aller dans un cinéma dans le sous-sol d'un centre d'achats».

Baptisé Théâtre de la Petite-Italie, le projet géré comme une OSBL compte au sein de son conseil d'administration des gens influents comme Michel Quintal (Piknic Électronik), Mitch Davis (Fantasia) et le comédien Marc-André Grondin, ainsi qu'Anthoni Jodoin (Nacho Libre/Brutus), Jarrett Mann (Festival SPASM/CISM), Gabrielle Tougas-Fréchette (Voyelles Films), Izabel Grondin (réalisatrice) et Benoit Dénommé (Banque Nationale). «Tous des gens qui représentent un bel équilibre entre culture, divertissement et rentabilité», souligne Sylvain Raymond.

Un projet de 4 millions

Hier soir, l'ancien proche collaborateur du festival SPASM a obtenu une bourse de 10 000$ de la Société de développement commercial Petite Italie-Marché Jean-Talon lors du 11e gala du concours Entrepreneurs en action, organisé par la Corporation de développement économique communautaire (CDEC) de Rosemont-Petite-Patrie. «Le montant n'est pas important. Ce qui est important, ce sont les premières instances qui cautionnent le projet», estime Sylvain Raymond.

Le coût total du projet est évalué à 4 millions - la moitié pour l'aménagement de la salle et l'autre pour l'achat de la bâtisse. Actuellement, Sylvain Raymond reluque l'immeuble à vendre de la Casa Napoli, sur la Main, entre les rues Dante et Saint-Zotique.

«J'ai des investisseurs publics qui attendent en coulisses», indique Sylvain Raymond, qui souhaite obtenir du financement public uniquement pour «la vocation culturelle» de sa salle multidisciplinaire. «J'ai espoir de fonctionner de façon indépendante par la suite.»

«Le Théâtre de la Petite-Italie représente le type de projet porteur [...] que nous recherchons pour augmenter l'offre culturelle, la vie nocturne et la mixité commerciale de la Petite-Italie», a déclaré dans un communiqué Roberto Tassinario, directeur général de la SDC Petite-Italie-Marché-Jean-Talon.

Ambiance informelle

Sylvain Raymond vit dans la Petite-Italie depuis de nombreuses années. Il a quitté récemment son emploi de longue date en publicité pour se consacrer à son idée «de faire une salle de cinéma pas comme les autres». «Je le ressens comme résidant avant de le sentir comme entrepreneur.»

Le Théâtre de la Petite-Italie se distinguerait des cinémas de quartier Beaubien et du Parc. La salle de cinéma ne serait pas aménagée en rangées. Les gens pourraient y apporter un plat du bistro avec un verre de vin.

Quant à la programmation, elle ne serait pas axée sur les nouveautés, mais sur l'émergence, les courts métrages, des classiques ou des films d'estime en fin de cycle. Pourquoi pas une rétrospective de James Bond? Un menu italien pour une présentation du Parrain? Une discussion avec un réalisateur avant la présentation de son film indépendant? Des excroissances événementielles des grands festivals qui ont lieu dans le Quartier des spectacles? Présenter des films de Dario Argento en après-midi?

Sylvain Raymond a des idées plein la tête et il veut aider la relève. «Je veux créer un point de ralliement dans le milieu du cinéma.»

«On a rencontré des distributeurs, assure-t-il. On va avoir accès aux films.»

Les temps sont durs pour les cinémas indépendants. La Cinémathèque se bat pour sa survie, le Cinéma Parallèle peine à rembourser les intérêts de son prêt... «Et ce n'est pas le fun d'aller voir un film de Ken Loach au cinéma AMC», dit Sylvain Raymond.

Selon ce titulaire d'une maîtrise en communication, la rentabilité du projet est réaliste. Les environs de la Petite-Italie représentent un bassin de 250 000 personnes, avec une forte concentration de 25 à 45 ans. «Je crois beaucoup aux économies de quartier.»

Sylvain Raymond rappelle que d'autres projets de salles de quartier sont en cours dans Hochelaga-Maisonneuve et Notre-Dame-de-Grâce.

Hier soir, la page Facebook du Théâtre de la Petite-Italie comptait 130 membres.

Infos: facebook.com/theatredelapetiteitalie