L'acteur mexicain Gael García Bernal, à l'affiche de Rosewater, réalisé par le présentateur satirique Jon Stewart, est devenu plus exigeant avec les années. Il a aujourd'hui besoin d'une «expérience fraternelle», pas seulement d'un bon scénario, pour tourner un film.

La vedette, qui aura 36 ans dans quelques jours, a appris avec les années que le box-office et les récompenses ne font pas tout, et que le côté humain joue un rôle important dans l'industrie cinématographique.

«Plus encore que d'une histoire, j'ai besoin de devenir ami avec les gens avec lesquels je travaille», a-t-il expliqué à l'AFP lors d'un entretien.

«J'ai besoin de faire le pari d'une expérience fraternelle sur le projet pour avoir l'impression qu'il en vaut la peine», souligne l'acteur natif de Guadalajara, à l'ouest du Mexique, et révélé par des films comme Amours chiennes (2000) ou Et... ta mère aussi! (2001).

Cette alchimie, elle a fonctionné sur le tournage de Rosewater, qui sort vendredi aux États-Unis et dans lequel il interprète le journaliste irano-canadien Maziar Bahari, emprisonné et mis à l'isolement pendant 118 jours en 2009 à Téhéran.

Le régime de l'ex-président iranien Mahmoud Ahmadinejad l'avait accusé d'être un espion de l'Occident pendant qu'il couvrait les manifestations en marge des élections cette année-là.

«Maziar et moi sommes devenus amis très rapidement et petit à petit nous nous sommes mis à collaborer», raconte l'acteur.

Il fait part des réflexions que lui ont inspirées ses discussions avec Maziar Bahari, qui a écrit un mémoire sur sa vie et son emprisonnement à sa sortie de prison (Then They Came For Me: A Family's Story of Love, Captivity and Survival, 2011).

«La pratique systématique et mondialement acceptée de l'isolement s'assimile à de la torture», affirme le comédien.

«C'est quelque chose qui a lieu dans mon pays et dans beaucoup d'autres dans le monde. (...) Ça fait partie de la crise humaine que nous vivons», ajoute-t-il.

Le pire, selon lui, c'est que cela se passe aussi «dans les démocraties les plus sophistiquées, celles où l'on défend les droits de l'homme».

«Quand les États-Unis te mettent dans un centre de détention parce que tu te trouves ''illégalement'' dans le pays, c'est la même chose. Ils t'isolent jusqu'au point où ils te forcent à sortir du territoire volontairement. C'est une forme de torture», insiste-t-il.

Redéfinir le pouvoir

L'acteur montre une grande empathie pour les dangers et persécutions auxquels font face les journalistes dans certains pays.

Le film est réalisé par l'humoriste vedette américain Jon Stewart, présentateur du programme satirique The Daily Show, qui pour la première fois passe derrière la caméra.

Stewart a eu l'idée de faire le film après avoir fait la connaissance de Bahari et après que celui-ci lui a raconté personnellement son calvaire.

García Bernal se mêle à une distribution essentiellement iranienne pour donner vie au journaliste qui, au moment de son emprisonnement à Téhéran, vivait à Londres avec son épouse et travaillait pour le magazine Newsweek.

Le cas de Bahari a eu un fort impact international et l'ex-secrétaire d'État américain Hillary Clinton avait elle-même demandé sa libération.

C'est la seconde fois que ce fils d'acteurs, qui a aussi joué dans des succès comme Babel (2006) ou La Science des rêves (2006), entre dans la peau d'un personnage réel, même s'il dit que cette expérience-ci ne peut se comparer avec celle qu'il a vécue en incarnant Che Guevara dans Carnets de voyage de Walter Salles (2004).

«Le ''Che'' est une figure mythologique, tout le monde a une opinion sur lui. Maziar, peu de gens le connaissent et nous interprétons sa propre interprétation» des événements relatés dans le film, souligne-t-il.

La principale différence, conclut-il, c'est qu'il a subi «moins de pressions en l'incarnant» qu'en jouant le révolutionnaire argentin.